Laurence Nicola
Les personnages de Laurence Nicola sont là, dissimulés quelque part au détour d’une pensée, qui frôle l’immersion presque totale d’un corps en suspens.
Anecdotiques, peut-être? Inattendus, certainement.
Le corps devient refuge d’une force métonymique où préside la chair comme matière. Fruit inéluctable du caché, le corps n’est jamais visible dans son intégralité. Il est là pourtant, à la fois présent et absent. Ces apparitions sont laissées comme les dernières paroles d’une nébuleuse avec laquelle l’inhabituel se cristallise dans la peau.
Des oeuvres de Laurence Nicola se dégagent des lueurs poétiques, lisibles dans l’écriture shakespearienne. Ce sont des songes qui répondent à des situations absurdes, empreintes d’onirisme et de magie. C’est au coeur de ce théâtre de l’incongru que la mise en scène du corps soulève les affres du non-dit. Ces photographies et ces vidéos deviennent les pièces complices d’une esthétique riche et émouvante.
De ce travail, les couleurs brutes suintent dans le silence pour guider l’oeil vers l’organe indiciel du corps. Les photos participent de l’intrigue et nous offrent les lumières nécessaires pour s’abandonner aux paysages fracturés réalisés par l’artiste.
Ces traversées constituent des moyens pour explorer un corps, entre raison et passion, une porte ouverte sur un imaginaire où les choses sont vécues à fleur de peau. Laurence Nicola investit un territoire dans lequel le corps devient animal, objet de désir et de rejet – une quête de l’inattendu avec laquelle émerge un sentiment de pleine liberté.
Mehdi Brit, commissaire d’exposition et rédacteur en chef de la revue Diapo.