Centre d’art contemporain de la Fondation François Schneider, Wattwiller

Jusqu’au 30 septembre

 

François Schneider, ancien propriétaire de l’eau minérale de Wattwiller – station thermale en vogue au début du 20ème siècle  – crée la fondation en 2000 et un centre d’art en 2013 dans un ancien atelier d’embouteillage agrandi et transformé en une architecture toute en transparence ouverte sur un parc de sculptures.  Cette fondation a pour mission de s’engager en faveur de l’éducation et de la culture. Le centre d’art, dirigé par Marie Terrieux, encourage la création artistique sur la thématique de l’eau, avec un concours annuel « Talents contemporains », l’acquisition d’œuvres,  l’organisation de 2 à 3 expositions par an et depuis peu une résidence d’artistes.

L’exposition estivale, dont le titre « L’Atlas des nuages » est emprunté à la première compilation de recherches et classifications datant de 1896, présente les œuvres d’une vingtaine d’artistes.

Symbolique poétique ou menaçante, le nuage est un objet qui a fasciné les hommes de tout temps et dans toutes les cultures.

Dans la mythologie grecque, il est le moyen de cacher et protéger, au Moyen Âge, appelé « nuée mystique », il représente le voile de Dieu, en Extrême-Orient il est porteur d’énergie… Qui ne s’est amusé à regarder les nuages en essayant d’y reconnaitre des formes familières ?

A l’approche du centre d’art, le visiteur aperçoit les drapeaux-nuages d’Anne Immelé flottant au vent et invitant à un voyage au-delà des frontières.  Dès l’entrée le ton est donné avec  un « nuage-tonnerre » constitué de ballons de Rhona Byrne, sombre et menaçant, planant au-dessus des têtes non sans humour. Les murs sont envahis par une nuée de tampons « Forever Immigrant » dans un dessin mural de Marco Godinho. Shilpa Gupta propose de s’allonger afin de contempler le ciel où l’installation lumineuse « Deep blow, the sky flows under our feet » invite à une douce méditation. Le collectif Caitlind Brown & Wayne Garrett a suspendu la sculpture lumineuse et interactive « Cloud » composée de 6000 ampoules que chacun peut actionner une par une à l’aide de chainettes. Latifa Echakhch entremêle les références multiples à l’histoire universelle ou personnelle dans des paysages de volutes entre lyrisme et maléfice. Les nuages aux teintes arc en ciel de Feng Li reflètent l’effervescence nocturne lors des spectacles et évènements dans la  Chine d’aujourd’hui  mais ils peuvent aussi évoquer des catastrophes possibles à venir. La vidéo «  Céleste » d’Hicham Berrada ouvre une fenêtre sur un paysage envahi de fumées bleues qui tentent de colorer un ciel gris. Julien Discrit montre les cartes de la Guyane Française réalisées par l’IGN, clairsemées de taches blanches mystérieuses  qui sont en réalité les cumulus présents lors des prises de vue aériennes. Bien d’autres surprises restent à découvrir…

Le nuage, symbole d’infini et de rêve, inspire les artistes depuis la nuit des temps et permet dans cette exposition d’aborder toutes les problématiques actuelles qu’elles soient sociologiques, philosophiques, environnementales ou politiques au travers d’un prisme ludique et sensoriel.

Sylvie Fontaine