L’Art en fête: Parcours artistique à Aubervilliers

 

Le commissariat d’exposition est une question de proportions. Il faut bien évaluer le contexte et les moyens pour y associer des œuvres et des artistes suffisamment pertinents pour que l’émulsion soit réussie. « L’Art en fête » répond à ce défi qui consiste à créer un parcours artistique et ludique au cœur des magasins et restaurants de la ville d’Aubervilliers. Aux douze artistes conviés à participer, il a été demandé de déplacer leurs habitudes et de créer des nouvelles situations à partir d’un lieu public qui n’a jamais hébergé ce genre de proposition. Il s’agit pour le monde de l’art de rencontrer de nouvelles personnes, d’aborder autrement la question du public. Le projet croise largement les pratiques, fait dialoguer toutes les formes et mediums. Au fil de cette promenade qui nous conduit du métro  Aubervilliers – Pantin – Quatre Chemins (ligne 7) au Centre-ville d’Aubervilliers, on découvre une soixantaine d’œuvres qui cohabitent avec les objets de consommation et nécessitent souvent un regard curieux, disponible et attentif à leur dimension poétique.

Le nouvel ensemble de sculptures d’Axel Rogier-Waeselynck, tricotages d’acier qui deviennent rideaux ou suspensions murales démesurés viennent parer l’espace du lieu de vie-restaurant Auberkitchen, créant des leurres pour fluidifier les perceptions et capter les regards.

Les signes et ornements floraux jaillis de la spontanéité de gestes de peinture inlassablement réitérés par Laurent Marie Joubert, s’entrelacent sur un support d’une finesse extrême, et tapissent le fond des vitrines du magasin de mode masculine MDStore.

Les bannières délicates de Maria Ibanez Lago, qui rendent un culte à des fleurs en danger d’extinction, subliment les bouquets splendides assemblés par les fleuristes du magasin Hana Flor.

De la rue, des expériences sensorielles et poétiques invitent à la pause. Le tourbillon rouge de Mathias Chetrit siège au milieu d’un bel ensemble de guitares, dans la vitrine du magasin d’instruments de musique Satel’Hit.

Deux macrophotographies de brins d’herbe ont été appliquées par Julie Balagué sur les vitrines de la Brasserie du Parc, invitant à regarder la végétation du parc Stalingrad à proximité.

Sur les étagères de la cordonnerie du centre, parmi les chaussures et les sacs, des sculptures réalisées à partir d’accessoires, figés dans la résine, de Taïne Gras jaillissent comme des propositions de fictions.

Certaines entrent en harmonie avec la spécificité du commerce. Dans le salon de coiffure Aubercoiff, les peintures et céramiques de Lise Stoufflet en appellent aux univers du paraître, –  tresses et masques en céramiques, peintures à l’huile de détails de salles de bain. Elles sont néanmoins rendues légèrement inquiétantes par des débords, des mini-accidents qui indiquent des directions sinueuses.

Le Sonochrome de Samuel Aligand semble avoir été conçu pour le mur blanc de l’institut Natural Beauty. Ce panneau noir laqué plié en volumes à facettes, geste arrêté, condense les recherches d’harmonies entre couleurs et formes auxquelles se prêtent les professionnelles du lieu.

Sur un mur du café culturel Collective, Mains, le néon blanc de Flavie L.T. évoque un geste qui pivote sur lui-même, regarde, reçoit, se laisse prendre et pose la question de l’entre-deux.

D’autres interventions s’inscrivent en relation avec les éléments d’architecture. Bertrand Segers a disposé ses dessins, peintures, étagères, éditions au sein des espaces pleins de la librairie Les Mots Passants. Il crée aussi des nouveaux dispositifs de présentation, notamment en s’appropriant une belle vitrine délaissée donnant sur la rue, dont il restaure la fonction et les proportions.

Romain Vicari s’est inspiré de l’atmosphère et de l’identité du restaurant Lucky Lunch, inventif créateur de recettes de burgers. Le petit pain rond devient un motif récurrent sur les différents objets qu’il a conçus pour les murs, les tables, et même l’écran de télévision.

Chez @Photo, Romain Cattenoz a installé le contenant et le contenu. Son meuble vitré conçu pour l’occasion renferme un ensemble d’objets détournés pour remplir des fonctions nouvelles, improbables, aussi visuelles qu’humoristiques.

Auteurs: Anne-Marie Morice et Pauline Lisowski


Info:

Avec Axel Rogier-Waeselynck, Maria Ibanez Lago, Laurent Marie Joubert, Mathias Chetrit, Julie Balagué, Taïne Gras, Samuel Aligand, Bertrand Segers, Flavie L.T. , Romain Vicari, Romain Cattenoz, Lise Stoufflet

Commissaires : Anne-Marie Morice et Pauline Lisowski (du Collectif Sous les pavés les Arbres)

Du 20 décembre 2019 au 25 janvier 2020 dans les commerces d’Aubervilliers

En collaboration avec la Maison du Commerce et de l’Artisanat, les Services Commerce et Culture.

Le Collectif Sous les Pavés les Arbres a été créé en 2018 par les associations Transverselle et Art Paysage Nature 93.