La symphonie blanche de Mara fortunatovic

Je découvre l’œuvre de Mara Fortunatovic, jeune artiste diplômée en 2013 des Beaux-Arts de Paris, lors de l’exposition des Félicités « Possibles d’un monde fragmenté » et au 59ème salon de Montrouge en 2014.

Lorsque je pénètre dans son atelier, je suis immergée dans un paysage d’une blancheur éclatante où des rouleaux de feuilles de métal peint, qui pourraient être prises pour du papier, sont délicatement entreposés dans un coin de ce laboratoire, « whitecube » par excellence, qui n’est pas sans évoquer les « cellules » de Laura Lamiel. Après un temps d’adaptation, les effets d’ombre et lumière deviennent perceptibles et révèlent toutes les subtilités de la non couleur qu’est le blanc. Dans la lignée de l’art minimal, cette artiste crée des installations à la croisée de la peinture et de la sculpture, dans un rapport permanent du corps à l’espace et à l’architecture. Elle aime s’approprier les lieux et les redessiner en y ajoutant des fragments architecturaux qui lui permettent de jouer avec les volumes et les plats, le plein et le vide, l’opacité et la transparence. Parfois fièrement indépendantes et arrimées au sol ou au contraire discrètement coulées dans l’angle des murs, ou encore obstruant l’espace tels des « passe-partout » mettant en valeur le décor, les pièces affirment leur matérialité et s’exposent aux jeux de la lumière. Et le blanc se décline dans une multitude de nuances. Mara propose un va-et-vient entre le bidimensionnel et letridimensionnel au travers de ses prélèvements, déplacements, combinaisons et permutations.

Le visiteur est alors invité à déambuler dans l’espaceafin de percevoir les vibrations de la lumière sur des matériaux simples – bois, plexiglas, métal, papier – et construire un paysage à chaque instant différent. La révélation est progressive, comme le processus de dévoilement lors du développement photographique.

Apres 18 mois de résidencedans l’atelier jouxtant le merveilleux Pavillon des Indes de Courbevoie, Mara Fortunatovic* y présente un ensemble de sérigraphies, sculptures et installations produites durant cette période, dont un enchevêtrement de portes et arches en métal blanc, véritable labyrinthe qui métamorphose le jardin de ce lieu magique.

 

*Un catalogue personnel de l’artiste est édité à cette occasion par l’Ecole Nat. Sup. des Beaux-Arts de Paris.

 

Par Sylvie Fontaine


Infos :

Atelier-résidence du Pavillon des Indes

142 boulevard Saint-Denis Parc de Bécon,  Courbevoie

du 21 au 23 avril