La poétique de l’imaginaire selon Cécile Beau

Cécile Beau nous invite à un voyage aux confins de deux mondes, terrestre et fossile, dans deux espaces temps distincts. Cette artiste aime à ausculter la nature, la comprendre et la retranscrire dans des environnements fictionnels en mêlant approche esthétique et scientifique. Elle présente des « paysages » distordus toujours dénués de présence humaine, mélange les temporalités, enfin  donne à voir ce qui est à peine visible et n’hésite pas à rallier infiniment grand et infiniment petit.

Avec l’exposition « La région vaporeuse » à la Maison des arts de Malakoff, le spectateur pénètre dans un monde mystérieux et troublant. Plongé dans une  semi-pénombre, il perd alors ses repères spatiotemporels. Comme à son habitude, Cécile Beau aime à « rejouer les phénomènes naturels avec la technologie » et explore la matière avec beaucoup de poésie afin de donner une autre perception du monde qui nous entoure, du sol que nous foulons. Elle étudie l’état des minéraux de leur origine cosmique – avec les météorites- à leur transformation géologique.

Dès l’entrée, des cyanotypes s’offrent au regard du visiteur, représentant les thèmes astraux d’impacts de météorites, tels des cartes de notre système planétaire – dans un mélange des genres entre astronomie et astrologie. Des racines transpercent le plafond et étendent leurs ramifications étonnantes, lorsque des formes rocheuses et végétales  placées dans des aquariums sont soumises à une expérience sonore, plongeant ainsi  l’espace dans une atmosphère irréelle. Le son récurrent dans les œuvres de Cécile génère le temps et l’espace hors-champs. Ainsi avec « Erosion », une cavité creusée dans le mur donne à entendre l’invisible mouvement de particules de poussière, évoquant l’érosion des roches au fil des millénaires.

A l’étage, dans un monde parallèle, « La Siouva », souche en mutation entre règne végétal et animal, étire ses pattes à travers le sol jusque dans l’espace inférieur alors que le son du cosmos envahit le lieu. Une belle expérience sensorielle, relevant comme souvent chez cette artiste de la science-fiction, où les minéraux respirent et les végétaux amorcent un mouvement…

 

Par Sylvie Fontaine


Infos :

La région vaporeuse

La maison des arts de Malakoff

105, avenue du 12 février 1934, Malakoff

du 11 janvier au 11 mars