La peau que j’habite, une approche sensible du territoire

Par Marie Gayet6 janvier 2016In Articles, Revue #12

 

« La peau que j’habite » est le quatrième et dernier volet de la programmation « Territoire, Territoires » pensée par Sandrine Rouillard au Centre Culturel Camille Lambert. Les deux artistes, Emmanuelle Bouyer et Armelle Caron sont invitées à croiser leurs pratiques dans lesquelles se dévoile une idée de peau, comme corps bien sûr, mais aussi comme surface sensible, comme mémoire, comme perception, comme trace, comme passage, comme frontière mouvante.

Instables sont les marquages éphémères qu’inscrivent la lumière, l’air et le temps sur l’environnement. Ce sont pourtant ces phénomènes – marées, rayons lumineux, fils d’araignées-  qui intéressent Emmanuelle Bouyer. Elle en restitue des captures lors de performances-actions ou par des vidéos. Pour cette architecte de formation, qui sait combien les formes peuvent être fragiles, l’idée du reste et de l’impermanence est au cœur même de sa démarche. Rendre visible « ce quelque part » où « quelque chose est resté », réinvesti par le pli du présent. La série Tee-shirts Apparition, peints en blanc sur papier cristal, procède elle aussi d’un dé/calque du passage de l’habit porté, reflet flottant d’un moment d’identité en mouvement. Quelque chose est là mais il n’y a pas de corps. On songe aux peaux abandonnées des mues blanchies. Ou au contraire, à la chrysalide translucide, révélatrice d’une présence à venir.

Armelle Caron, dont les dessins sont en lien avec son histoire personnelle, dissèque ses territoires quotidiens et historiques, souvent ceux de son enfance, traversés trop vite,  afin d’extraire l’essence de sa réalité intime et morcelée. Ses villes rangées, présentées en schémas ordonnés, ou découpées en creux laissent apparaître les états d’un souvenir en recomposition, univers réel ou réinventé, de mémoire ou de visu, souvent associés à du texte.

A l’issue de sa résidence « Les draps des autres », Armelle Caron restituera de son expérience des traces écrites. Auparavant, elle aura dessiné en noir et blanc sur l’un des murs du centre un grand amas de draps froissés, empreintes de corps et de pensées.

Par-delà la sensation, « La peau que j’habite » donnera à partager l’expérience intime d’un sentiment.

 


Infos :

Ecole et Espace d’art Camille Lambert
35 avenue de la terrasse, Juvisy sur Orge
Exposition « La peau que j’habite »
du 12 mars au 16 avril