"La lumière parle " à la Maison rouge

 

L’idée est simple, encore fallait-il y penser !

S’attaquer à une histoire du néon revisitée par le prisme des artistes. 108 oeuvres de toutes époques rassemblées, une prouesse technique et une première mondiale pour la maison rouge qui a dû convaincre les prêteurs de ces reliques de la lumière intensément fragiles, aveuglés au final par cette réunion au sommet.

Francois Pinault nous offre son Martial Raysse iconique où le snack n’est pas sans rappeler la première enseigne lumineuse parisienne présentée à l’Exposition Universelle. Les expériences pionnières de Gyula Kosice et Lucio Fontana dans les années 1940 et 1950 sont bientôt relayées par le génial Bruce Nauman qui écrit en 1970 None Sing, Neon Sign. Propagande du message mais aussi de la forme, du langage. Le parti pris du commissaire David Rosenberg est une approche thématique qui rejoue avec l’aura, la présence presque sacrée dont sont parés ces objets. Oscillant entre l’éblouissement et l’amnésie partielle ou totale, le néon fait mal car il crie au fur et à mesure de son voltage. Le « rien » d’Alberola reprend les contours d’un crâne humain tandis que Geers trace en rouge « TERROR » (avec un « T » clignotant) jusqu’au « Black and Die » en lettres noires du sud-africain Glenn Ligon. Des surfaces innocentes happées par le sens. Le chapitre rouge sanguin et nocturne de Crisis avec Saadane Afif, Sigalit Landau ou Piotr Kowalski est court circuité par la blancheur qui aveugle des artistes Jeff Koons, Xavier Mary ou Francois Morellet. L’une des expériences les plus fascinantes reste la Chromosaturation, de 1965, par Carlos Cruz-Diez, installation changeante en fonction de la place du regardeur. Ironie ou parodie de l’éphémère « Sous les pavés la plage » de l’Israélienne Miri Segal à déchiffrer à l’envers et les tourbillons suspendus de Mai-thu Perret et Gun Gordillo. Songe ou extinction (Douglas Gordon, Laurent Grasso) jusqu’au désir profané : la lumière brisée. Stefan Brüggemann signe une poignante épitaphe à rebours This Work Should Be Turned Off When I Die (2010) et Delphine Reist filme une averse lumineuse tragique. Vanité des vanités, suicide à la Lightbox (2007), d’Andrea Nacciarriti pour clore le parcours… La chute est à la hauteur du précipice.

 


Infos :

« Néon » Who’s Afraid of Red Yellow and Blue ?

La Maison rouge, Fondation Antoine de Galbert

10 boulevard de la Bastille 75012 Paris

Lamaisonrouge.org

jusqu’au 20 mai 2012