La Fondation Fiminco en plein essor

Par Maya Sachweh8 mars 2023In Articles, 2023, Revue #30

 

Depuis octobre 2019 Romainville fait partie du parcours obligé des amateurs d’art contemporain, grâce à la Fondation Fiminco qui y a créé un pôle culturel dans les vastes bâtiments désaffectés des anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf-Sanofi.

Le premier volet du projet s’étend sur 11 000 m2 et cinq bâtiments distincts, dont une chaufferie monumentale de 14 mètres sous plafond qui sert de lieu d’exposition. Cinq galeries parisiennes d’art contemporain s’y sont installées et regroupées sous le sigle Komunuma : Air de Paris, In Situ-Fabienne Leclerc, Maëlle Galerie, Sator et Jocelyn Wolff. On y trouve également la galerie – librairie et atelier de design et de fabrication de livres Laurel Parker Book, un campus de l’école d’art et de design Parsons Paris, ainsi que le studio de danse de la Compagnie Blanca Li. Depuis 2022, les réserves du Frac Ile-de-France occupent une aile entièrement reconstruite.

Mais le cœur du projet, ce sont définitivement les résidences internationales d’artistes. Depuis 2019, 48 créateurs français et étrangers ont bénéficié d’un séjour de onze mois. A leur disposition : un studio-logement tout équipé, des espaces de travail partagés, des ateliers techniques et des lieux de rencontre.

Katharina Scriba, directrice de la Fondation Fiminco depuis février 2022, nous a parlé de la philosophie et des particularités de ces résidences.

K.S. Nous sommes un lieu de travail, de vie et d’échanges, entre les artistes et l’extérieur. Les résidents sont entièrement libres, ils n’ont aucune obligation de « résultat » et peuvent poursuivre leurs recherches en toute indépendance.

Depuis le début, nous avons mis à la disposition des artistes des outils de travail dans différents ateliers techniques, de gravure et de sérigraphie, de construction bois et métal, de photo et vidéo. En septembre dernier, nous avons ouvert un nouveau pôle numérique pour l’impression 3D et un atelier céramique avec plusieurs fours, dont un de 800 litres et la possibilité de réaliser des pièces en 3D. Les ateliers techniques sont constamment développés et élargis, l’idée est notamment de réfléchir à d’autres pratiques, comme le textile, en fonction des besoins des uns et des autres.

M.S. Depuis 2022, les résidents bénéficient d’un véritable accompagnement par la curatrice et critique d’art Marie Maertens. Est-ce que vous allez continuer cette expérience ?

K.S. Tout à fait. C’est un changement de fonctionnement qui me tenait particulièrement à cœur. Il faut créer un vrai lien entre les artistes qui viennent ici pour 11 mois. Cela permet également de bâtir un fil rouge curatorial en vue de l’exposition de fin de résidence et de mieux rythmer les moments de rencontres avec le grand public lors des open studios, et les professionnels, individuellement ou par petits groupes.

M.S. Qui peut postuler, quels sont les critères de sélection et qui choisit les candidats ?

K.S. L’appel s’adresse à des artistes français et étrangers vivant en France ou ailleurs, sans limite d’âge. On demande la présentation d’un projet et une volonté de s’engager dans les actions de médiation qui sont une mission importante de notre Fondation, cet engagement est d’ailleurs rémunéré. Chaque année, nous recevons entre 600 et 700 candidatures. Un premier jury présélectionne environ 75 artistes, et le jury final, composé de professionnels et de représentants de la Fondation, choisit les 12 résidents après une série de rencontres et d’entretiens. Cela demande une organisation complexe mais je tiens beaucoup à ces contacts personnels qui permettent de composer un groupe où chacun accepte de s’intégrer à l’ensemble. C’est très important, même si chacun dispose de son logement personnel, tous les autres espaces de travail et de vie sont partagés.

M.S. Cette année, vous élargissez l’offre de résidences. Quelles sont les nouvelles propositions ?

K.S. Nous venons de lancer notre programme TALENTS! qui s’adresse à des partenaires publics et privés, des fondations, des musées, des galeries, des collectionneurs, mais aussi à des villes qui ont envie de faire venir des artistes à Paris. L’idée est de dynamiser la résidence avec des séjours sur mesure d’une durée de 1 jusqu’à 9 mois qui sont complémentaires à notre propre programme. C’est dans la droite ligne de notre stratégie d’internationalisation et de diversification qui vise à accueillir des créateurs de différents horizons et de disciplines artistiques variées.

M.S. En 2023, la Fondation s’agrandit encore avec l’ouverture progressive de 40 000 mètres carrés supplémentaires. A quoi sont-ils destinés ?

K.S. Ce sont également des bâtiments en brique rouge qui faisaient partie des laboratoires pharmaceutiques et que nous avons sauvés de la démolition. Il y aura une salle de spectacle de 600 places, un projet d’école, des espaces d’exposition et de galerie, des salles de danse, des ateliers d’artisans et d’artistes (dont deux sont déjà occupés par Ivan Argote et Mehdi Georges Lahlou). C’est là que vont être installés les résidents de courte durée et il y aura 150 logements pas seulement réservés aux artistes. Nous allons en plus construire un bâtiment de stockage de 4000 mètres carrés pour des œuvres d’art et des décors. Ce sera tout un écosystème culturel qui peut créer de nouvelles synergies et qui s’inscrit dans un quartier vivant avec près de 5000 logements créés dans de nouveaux bâtiments. Ce n’est donc pas seulement un hub culturel mais un lieu de vie ouvert sur la ville.


Infos pratiques :

Fondation Fiminco

43 Rue de la Commune de Paris, Romainville

Les résident.e.s 2022-2023

Rosario Aninat (Chili) – Marielle Chabal (France) – Sarri Elfaitouri (Libye) – Eva Garcia (France) – Timo Herbst (Allemagne) –  Konstantinos Kyriakopoulos (Grèce) – Livia Melzi (Brésil) – Antonio Menchen (Espagne) – Daniel Nikoalevsky Maria (Brésil) – Angyvir Padilla (Venezuela) – Yoel Pytowksi (Israël) – Chloé Royer (France)