Gilles FUCHS : L’ART C’EST LA VIE

Par David Oggioni10 janvier 2019In Paris, 2019, Revue #21, Articles

Entre l’immeuble où mourut Voltaire et celui où Baudelaire écrivit les Fleurs du mal, dans les locaux où vécut Noureev, siège l’ADIAF, Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français. La vue depuis ses locaux sous les toits est tout un symbole : le promontoire montmartrois dépose le Sacré-Cœur sur la Grande Galerie du Louvre, alors que le Pavillon de Flore apparaît comme depuis l’endroit d’où fut déclenché l’un des premiers daguerréotypes1.

Auréolé d’une sagesse teintée d’humour, son président Gilles Fuchs accueille Artaïs, entouré d’objets non identifiés acquis auprès du collectif INTOTO2, nous rappelant la phrase inscrite par sa grand-mère sur une boîte d’allumettes : « petits bouts de ficelle ne pouvant servir à rien ».

Alors que son père Georges collectionnait l’art islamique, Gilles Fuchs poursuit le travail de son beau-père Robert Ricci, Président de Nina Ricci pour qui le parfum était un art. Mais c’est avec son ami et mentor Rene de Montaigu qu’il arpente les ateliers, côtoie les artistes et le galeriste Daniel Cordier3 – ancien secrétaire et historien de Jean Moulin.

Tout en cultivant l’hédonisme, commence pour Gilles Fuchs la conversion vers le noble statut du collectionneur militant engagé.

L’exégèse historique révèle qu’après-guerre les alliés dominent non seulement par l’économie mais également la culture (c’est dire l’implication politique de l’Art). Si au début des années 50, la France était au cœur du marché grâce aux traditions et compétences de ses artistes et marchands4, la situation se dégrada5 au point qu’à l’initiative de Daniel Templon, avec Catherine Millet et Daniel Abadie il fonde, en 1994, l’ADIAF, avant de la doter, à l’aube du millénaire de son outil suprême : le Prix Marcel Duchamp – car l’art Sélavy.

Il défend l’esprit non déshumanisé d’une esthétique de la mesure à la française, une vision qui honore, au-delà du matérialisme, le combat « droit-de-l’hommiste. »

Fort de 50 expositions en 20 ans, il développe des rencontres assidues avec les artistes ou commissaires pour sensibiliser ses 400 membres, aux nouvelles formes de l’art contemporain.

Toujours à l’affût des jeunes artistes et de leur création imprévisible, il invite avec l’ADIAF les philanthropes à s’investir au sein de la nouvelle section Émergence – qui propose, en plus de visiter des run-spaces d’enclencher des dialogues entre les nouveaux acteurs du monde de l’art

Gilles Fuchs a une préférence pour la peinture comme medium, là où l’artiste exprime avec le temps sa plus grande dimension, il leur recommande de toujours nous surprendre, tout en n’oubliant pas les pratiques anciennes et le beau métier ; mais il ne délaisse pas la vidéo et la performance qui, même éphémère reste une forme de sculpture. II regrette que les collections soient trop souvent considérées comme spéculatives ; pour lui elles doivent être avant tout un enrichissement personnel profond, tant émotionnel que spirituel.

1 L.-J. M. Daguerre. Le Louvre vu de la rive gauche de la Seine, Paris, 1839

2 INTOTO 6, Fondation Ricard, 2018

3 Donations Daniel Cordier, Centre Pompidou, 22 novembre 1989 – 21 janvier 1990

4 Rapport Gaillard, 2018

5 Rapport Quémin, 2001

 

Par David Oggioni


Infos :

-Lancement de la 19ème édition du prix Marcel Duchamp le 10 janvier 2019 chez Artcurial

-Exposition Prix Marcel Duchamp en Chine

Red Brick Museum,  Pékin  

du 26 avril à fin  juin

-Exposition Prix Marcel Duchamp au Centre Pompidou 

du 8 octobre au 6 janvier 2020.

Annonce du lauréat le 14 octobre 2020