GILGIAN GELZER, LE DESSIN COMME PAS DE DEUX

Studio de chorégraphe ou atelier d’artiste ? Dans son atelier parisien du XIIIe arrondissement, Gilgian Gelzer (né en 1951 à Berne) semble danser.  » Tout mon corps s’implique dans cette relation physique, cet échange, cette rencontre avec la feuille de papier. C’est même un pas de deux que j’entame, dans ce dialogue avec la feuille accrochée au mur pour les grands formats ou posée sur la table pour les petits. Je travaille toujours debout dans ce départ du rien pour un nulle part. C’est une quête, un chemin. Chacun de mes formats induit un rapport différent avec la feuille « . Qui est-il, ce fils de diplomate, ayant appris le français à Caracas, passant son baccalauréat à New York, installé en France depuis 1970 pour des études aux Arts déco puis aux Beaux-Arts ?  » Devenu sédentaire, après une enfance vagabonde  » se plaît-il à souligner.

Le musée des Beaux-Arts de Caen, dans le cadre du cycle « Résonance », consacre une exposition à cet ancien professeur de l’École supérieure d’Arts et Médias de Caen/Cherbourg. Une soixante de dessins, des bois gravés monumentaux et de petites photographies, de 2008 à aujourd’hui sont présentés. Ce lieu si imposant l’obligea à travailler d’après une maquette. Une réponse appropriée à la démesure de cet endroit. Dans un agencement nullement linéaire mais en un libre parcours circulaire  » architecturé par le gris lumineux des murs  » cette exposition s’est construite.  » La vastitude du patio m’a dépassé, je ne pouvais dessiner directement sur les murs. Ceci aurait été trop construit alors que le temps de mon travail est celui de l’immédiaté « . Naquirent 4 triptyques A light Year Away, dans une connexion spatiale.

Fanatique du crayon, noir ou de couleur, il en apprécie la tendresse de la mine, son côté incisif, sa simplicité dans sa pratique lui  » permetttant de tendre vers l’essentiel : la réduction du trait « . Ses dessins se construisent dans un travail de la surface, d’un geste retenu. Aspect moins connu, la photographie est un prolongement du dessin, un fil conducteur dans lequel la couleur appert dans un questionnement de la forme, de l’emplacement. Elle lui permet la découverte, la recherche de l’espace dans ses paysages. Cette approche physique de l’environnement, il la poursuit dans l’estampe, dans un dialogue physique avec le bois.

 

Par Gilles Kraemer


Infos :

Gilgian Gelzer

Musée des Beaux-Arts de Caen

Le château, Caen (14)

jusqu’au 1er septembre