A l’occasion de sa première exposition personnelle dans un centre d’art en tant que lauréat de la 13èmeBiennale de la jeune création de la Graineterie, François Dufeil, adepte du recyclage, a amorcé de nouvelles collaborations dans des domaines aussi variés que la cuisine, la céramique, la musique, l’apiculture ou la sérigraphie, chacune de ses « sculptures-outils » venant à être activée par différents interprètes.
Il est ici question d’explorer tous les processus de fabrication avec une Station solaire pour un légume, parabole en fonte de laiton conçue à partir de robinets de plomberie, une Poterie centripète dont le tour est actionné par l’élan du corps, un château d’eau qui alimente d’anciennes bonbonnes de gaz et d’extincteur sous le titre de Cloches sous pression 2, Cu2+ conçu pour un percussionniste et une cuve en cuivre recouverte de peaux tendues provenant d’une ancienne chambre à air de tracteur. « Souvent un processus engendre une sculpture qui elle-même engendrera une autre sculpture » comme l’artiste le résume.
Cette véritable écologie de l’art se déploie dans les différents espaces de la Graineterie, notamment sous la verrière, autour de ses recherches récentes sur le son, créant un paysage aux couleurs chatoyantes en réponse à l’environnement minéral du lieu, tandis qu’une salle d’écoute prolonge cette immersion méditative. Au grenier se poursuivent les expérimentations autour d’une presse verticale et urbaine pour pouvoir sérigraphier à même les murs avec une encre créée à partir de différentes pierres concassées afin de permettre l’impression d’une nouvelle œuvre imaginée par Eva Nielsen qu’elle a peinte à la cire d’abeille sur un écran de soie, dans un jeu entre le négatif et le positif.
Formé au sein des Compagnons du Devoir et diplômé des Beaux-Arts d’Angers et des Arts Décoratifs de Paris, l’artiste entend dépasser les catégories en vigueur et se penche sur les savoir-faire ancestraux souvent disparus et les inventions techniques qui précèdent l’ère industrielle. Ses recherches se sont concentrées sur la pompe à bélier, inventée par Joseph-Michel Montgolfier au XVIIIème siècle, et dont le fonctionnement repose uniquement sur la gravité, en dehors de toute électricité ou carburant. Tombée aux oubliettes de l’histoire, il la réinterprète en sculpture de manière sérielle.
Animé par une pensée de la décroissance, l’artiste s’inscrit dans le courant de la low-tech et des problématiques liées aux énergies. Il milite pour une histoire non linéaire et dominante du progrès. L’accessibilité de l’art et sa pédagogie sont également au cœur de ses enjeux. Cet été, il participera à la Biennale Gontierama (Château Gontier) et bénéficiera d’une exposition personnelle à Nantes aux ateliers Bonus à la suite de sa résidence.
Penser autrement nos habitats et nos espaces de vie pour redonner leur autonomie à nos corps et gestes dans une logique de co-création et de partage font de cet inventeur à la fois un poète et un inlassable chercheur.
François Dufeil est par ailleurs l’un des fondateurs du collectif Le Wonder dont la future implantation n’est pas encore établie malgré une forte mobilisation et des appels à soutien.
INFOS :
GONTIERAMA 2022,
Du 21 mai au 28 août
Château-Gontier (53)
Si mer la lune
Collectif Bonus, les ateliers d’artistes de Nantes
du 1er juillet au 24 juillet 2022
L’îlot des îles, 36 mail des chantiers, Nantes
