Musée des Beaux-Arts de Rouen

jusqu’au 24 septembre

A l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Marcel Duchamp, la ville de Rouen, en partenariat avec le Centre Pompidou et la Réunion des Musées Métropolitains, consacre exposition et festival à son enfant terrible, artiste iconoclaste et visionnaire qui a marqué des générations d’artistes jusqu’à aujourd’hui.

Né à Blainville-Crevon  en 1887 dans une famille de six enfants, dont quatre deviendront artistes, il commence ses études au Lycée Corneille de Rouen avant de rejoindre ses frères à Paris en 1904 pour entrer à l’Académie Julian. Les années 1912/1913 marquent un coup d’arrêt dans sa production de peintures, suite au refus du « Nu descendant un escalier » par le Salon des Indépendants et le succès à scandale provoqué à l’Armory Show de New York en 1913. Il partage ensuite son temps entre New York et la France et décède en 1968 à Rouen où il est enterré. L’exposition « ABC Duchamp, l’expo pour comprendre Marcel Duchamp »s’adresse au grand public, sous une forme d’abécédaire, de la lettre A de Anartiste au Z de Zayas, comme un livre illustré permettant à chacun de découvrir œuvres emblématiques ou secrètes. Il s’agit de s’ancrer dans l’architecture de Duchamp, de mettre le pied sur la première marche afin de gravir l’escalier.

Bon dessinateur, comme en témoignent  les dessins de presse de ses jeunes années, dont certains font preuve d’une culture satirique, il convoque toute la sémantique où le langage matériau premier apparait dans les titres de ses affiches, dans les  jeux de mots et contrepèteries.

Le hasard est aussi un des paramètres de l’esthétique duchampienne. Le jeu, et plus particulièrement le jeu d’échecs le captive, fasciné par les mathématiques et le silence qui entoure chaque partie. « Si tous les artistes ne sont pas des joueurs d’échec, tous les joueurs sont des artistes ».

Comme de nombreux artistes du début du 20eme siècle, il admire les machines, les mécaniques et l’optique ce qui lui donnera l’opportunité de participer au concours Lépine avec ses rotoreliefs.

Enfin le visiteur retrouve les classiques « ready-made » – Roue de bicyclette, Fontaine, Porte bouteille, Trébuchet – où les notions d’original, d’œuvre unique et de signature sont dévaluées. Ce qui amènera Duchamp à déclarer « ce sont les regardeurs qui font l’œuvre ». Films et archives complètent ce joli parcours et permettent d’illustrer les nombreuses facettes d’une personnalité incontournable et parfois énigmatique dans l’histoire de l’art du 20ème siècle. Partez enfin pour une balade en ville à la découverte des différents lieux imprégnés d’un air duchampien…

Sylvie Fontaine