DRAWING NOW 2025

 

 

En tant que première foire européenne dédiée exclusivement au dessin contemporain depuis 2007, Drawing Now Paris est devenue un rendez-vous incontournable où le medium transcende son rôle traditionnel d’esquisse pour devenir un langage universel qui s’inscrit dans une dynamique où les frontières entre les différentes disciplines artistiques s’effacent. Les 71 galeries invitées pour cette 18e édition se répartissent en trois secteurs : « Général » accueillant les galeries établies qui présentent un artiste en focus, « Insight » plateforme de découvertes et « Process » lié aux projets spécifiques ou expérimentaux.

Si de nombreuses galeries sont fidèles depuis les premières éditions, de nouvelles issues d’autres pays font leur apparition cette année donnant une belle dynamique, telle Annie Gentils Gallery de Belgique et Lise Duclaux, la Galleria Tiziana Di Caro d’Italie avec Maxime Rossi et sa série Père Lachaise où les branches du saule viennent ponctuer de couleurs les partitions de Chopin, Richard Saltoun Gallery de Londres et Juliana Séraphim, figure éminente de la peinture libanaise et pionnière du surréalisme, ou encore les galeries suisses Wilde, Skopia ou Heinzer Reszler. Pour les galeries présentes depuis longtemps, la galerie Papillon revient avec le duo belgo-italien VOID explorant la notion de mémoire dans un rapport son et image, la galerie Suzanne Tarasieve avec Nina Mae Fowler et ses dessins minutieux en noir et blanc en référence au cinéma, la galerie Maubert et les délicates aquarelles abstraites de Joachim Bandau, Paris B avec Louis Lanne et ses paysages abstraits colorés et dessinés sur une surface particulière, le tableau Velleda, la galerie C avec Tiziano Foucault-Gini dont les dessins virtuoses sont inspirés par une iconographie religieuse et classique pour représenter des mouvements actuels, Purdy Hicks Gallery et Christelle Tea, exploratrice et dessinatrice compulsive présentant une série d’autoportraits à l’encre de Chine, Dilecta et Alice Gauthier avec ses paysages et univers oniriques.
Dans le secteur Process, ETC participe pour la première fois avec Mathieu Bonardet pour qui le dessin se concentre en un geste et un matériau, le graphite, la galerie Binôme présente AurelK qui explore l’intime et le rapport au sacré à l’aide de pastel sec et de fusain, la Galerie S avec Arthur Gillet et ses peintures sur soie transposant des histoires personnelles dans des scènes se référant à la mythologie ou l’histoire de l’art.
Dans le secteur Insight, première participation de la Galerie de l’Est avec le travail de l’artiste russe Taisia Korotkova qui s’intéresse aux relations entre la société humaine et la science, la Galerie Arnaud Lebecq avec Florian Sông Nguyen et ses narrations intimes montrant son goût pour le mystérieux et l’impalpable, Traits libres avec un dialogue autour du portrait entre Noemi Conan qui revisite son enfance dans une ville périphérique de la Pologne des années 90 et Valentine Gardiennet et ses saynètes colorées et espiègles aux références populaires inspirées par les séries télévisées et de bande-dessinées.
Force est de constater que les thématiques sociétales sont récurrentes pour beaucoup. Les œuvres dénonçant le racisme et le colonialisme ou interpellant sur les questions d’’identité et les inégalités socio-économiques deviennent des vecteurs d’émotions et d’actions. Une importance croissante est donnée au dessin classique de la figure humaine, tout en la réinterprétant et en l’intégrant dans des approches actuelles. Enfin plusieurs artistes utilisent des matériaux non conventionnels (fils, tissus, matériaux divers) pour créer des œuvres qui repoussent les limites du médium traditionnel tout en revisitant les formes.
Au niveau -1, l’exposition codes dessinés : notations urbaines, écritures intimes proposée par Joana P.R. Neves et réalisée en partenariat avec le Frac Picardie et le CNAP, met en lumière autour de figures tutélaires de plus jeunes artistes dont le travail s’inscrit dans l’action de représenter, à l’aide de signes ou symboles telles des écritures secrètes ou codées.
Dans les temps forts de cette 18e édition, trois parcours proposés par des professionnels de différents univers élargissent les perspectives en proposant au visiteur d’explorer le dessin sous des angles variés. Suite au partenariat développé avec le C-E-A, Claire Luna, commissaire et critique d’art, imagine un parcours dans les secteurs Process et Insight suivi d’un talk sur la thématique de la lumière. Le designer et décorateur Pierre Yovanovitch déclare « Dessiner m’aide à créer. Le premier coup de crayon matérialise l’amorce de l’idée et le champ des possibles » et partage ses coups de cœur. Enfin Joana P.R. Neves, Claudine Grammont et Elsy Lahner, avec Parallaxe, attirent le regard sur des galeries ou artistes dont les pratiques innovantes ou inattendues échappent à une définition classique du dessin.
Comme chaque année, le Prix Drawing Now est décerné lors du vernissage parmi les cinq artistes de moins de 50 ans sélectionnés. Mélanie Berger (Archirar Gallery) envisage le papier comme une peau interagissant avec l’air et la lumière, Susanna Inglada (Maurits van de Laar) explore le pouvoir et l’autorité avec ses dessins-collages immersifs, Farah Khelil (lilia ben salah) s’inspire de l’histoire personnelle et officielle pour proposer une cartographie de l’intime, Violaine Lochu (Analix Forever) transcrit sous la forme de partitions une réflexion autour de la notion de métamorphose au croisement de la musique et de la poésie sonore, et Roméo Mivekannin (Eric Dupont) poursuit son investigation des figures historiques au travers de lavis à l’encre noire.
La foire, avec ses 18.000 visiteurs lors des éditions précédentes, montre l’intérêt d’un public sensible à la diversité de ce medium accessible et qui agit non seulement comme un miroir critique de notre société, mais aussi comme un moteur de réflexion.

 

 

Infos pratiques

Drawing Now Paris
du 27 au 30 mars
Le Carreau du Temple
2 rue Eugène Spuller, Paris 3e

Frac Picardie, Amiens
Du 1er mars au 14 juin 2025