DDESSIN – un salon révélateur

 

Pendant la semaine du dessin à Paris, DDESSIN révèle depuis 2013 un medium à part entière et les talents qui y contribuent, issus de territoires variés. Pour cette onzième édition, Ève de Medeiros, la fondatrice et directrice du salon, réunit une vingtaine de galeries françaises et étrangères dans le 7e arrondissement.

 

G.M. Depuis la création de DDESSIN, avez-vous vu une évolution dans le domaine du dessin ?

 

E.D.M. L’intérêt porté à ce médium a bien évolué depuis 2013, où il s’agissait plutôt d’une niche dans laquelle se retrouvaient quelques collectionneurs de dessin ancien ou contemporain. A ce moment-là, les galeries exposaient peu de dessins, favorisant d’autres médiums, alors que globalement tous les artistes dessinent dans leur intimité.

 

G.M. Quels ont été les temps forts de l’histoire de DDESSIN ?

 

E.D.M. C’est tout d’abord d’amener les collectionneurs à (re)considérer le dessin. Quand je dis « les collectionneurs », c’est également faire en sorte d’intéresser la jeune génération.

Après avoir constaté qu’il y avait très peu de possibilités pour un jeune artiste sorti de l’école de proposer son travail de dessin, j’ai décidé de promouvoir la jeune génération. Massinissa Selmani, Nidhal Chamekh ou François Réau sont des exemples de dessinateurs qui ont exposé à DDESSIN à un moment où il n’y avait pas encore d’intérêt pour le dessin contemporain. D’autre part, la richesse des territoires n’était pas représentée, notamment le continent africain dont sont issus les artistes Nú Barreto, Franck Lundangi ou Gastineau Massamba.

 

G.M. Le numérique et le digital bousculent depuis quelque temps les modes d’expression artistique, comment DDESSIN réagit-il à cela ?

 

E.D.M. Dès le départ, je l’ai intégré en prévoyant un espace où présenter des artistes du dessin en mouvement ou du dessin numérique. Pour moi, cela fait partie du dessin d’emblée. Je pense notamment à Richard Nègre, à Joanie Lemercier ou encore à Ugo Arsac.

 

Mais cette année on revient aux « fondamentaux » avec une tendance de « pur dessin », c’est-à-dire des artistes qui n’utilisent que la feuille de papier et le graphite.

 

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Focus de G.M. sur quelques artistes coup de cœur :

Avec son œuvre numérique IN URBE, Ugo Arsac (né en 1992), Galerie Robet Dantec, propose une autre façon d’apprécier le dessin. Après avoir endossé un casque VR, le spectateur pourra s’immerger dans un espace virtuel où l’artiste donne à voir un monde souterrain inconsidéré qu’il a reconstitué après l’avoir exploré et étudié. L’artiste partage ainsi sa réflexion sur la relation qui existe entre ce qui est en surface et ce qui se passe en-dessous. Cela conduit le visiteur à percevoir autrement ces dimensions qui cohabitent et forment un tout.

2015 : Diplômé de l’ENSBA Paris. 2017 : Némo – Biennale des arts numériques, CENTQUATRE. 2023 : Résidence de création numérique aux Jeux de la Francophonie, Kinshasa, RDC. 2023 : Résidence de recherche à la Villa Albertine New York.

 

Barbara Asei Dantoni (née en 1983), Galerie Cécile Dufay, associe dessins, découpes papiers, collages et textiles afin de raconter la richesse de son identité multiculturelle. Artiste franco-italo-camerounaise, elle développe un langage introspectif pour interroger ses racines et parler de ses ancêtres ainsi que de sa féminité sous la forme d’un ensemble d’études archéologiques et généalogiques. En tant que femme et « Être au monde », elle revendique ces ponts interculturels invitant le spectateur à accéder à un espace-temps nouveau et poétique.

2001 : Diplômée de l’École du Musée des Beaux-Arts Pau. 2015 : Lauréat du Jacquart Design Trophy, Paris Design Week. 2023 : MEMORIA, Récits d’une autre histoire, Musée National du Cameroun, Yaoundé.

 

Axel Roy (né en 1989), H Gallery, fait apparaître, à l’aide de graphite sur papier, des situations qui peuvent sembler ordinaires. L’expérience artistique qu’il propose met en tension ce qui est représenté avec ce qui ne l’est pas. Alors peut-être qu’il y a là une volonté d’amener le regard à se libérer des représentations iconographiques habituelles pour ouvrir une réflexion sur ce qui ne témoignera pas à travers le temps. Du moins, il faut admettre que ce contraste appelle à sortir d’une construction photographique habituelle pour se plonger dans ce qui n’est pas visible.

2014 : Diplôme des Beaux-Arts Dijon. 2021 : Finaliste du Prix de Dessin Pierre David-Weill, Académie des Beaux-Arts et de Institut de France Paris.

 

Tudi Deligne (né en 1986), Galerie Mariska Hammoudi, présente des créations au graphite sur papier qui bouleversent les capacités cognitives. En déconstruisant les images, l’artiste invite autant qu’il impose au spectateur de se détacher de ses habitudes de lecture pour s’approprier un langage qui lui serait propre. D’une certaine façon, il s’agit de questionner les prétendues aptitudes à percevoir le signifié. Seul lui détient la clé de lecture. Alors, il convient d’abandonner les réflexes cartésiens pour s’ouvrir à d’autres réalités.

2009 : Diplômé de l’école des arts décoratifs, Strasbourg. 2014 : Prix DDessin {14}, Paris. 2015 : 1er prix de dessin Pierre David-Weill, Académie des Beaux-Arts Paris. 2018: Drawing room, Moco, Montpellier.


 

Infos pratiques :

DDESSINPARIS 2023

Du 24 au 26 mars 2023

Domus Maubourg, 29 boulevard de la Tour Maubourg, Paris 7e