Damien Cabanes au Creux de l’enfer

Par Sylvie Fontaine15 septembre 2016In Articles, 2016, Revue #13

L’artiste Damien Cabanes nous propose cet été « une semaine d’enfer » avec l’accrochage d’une douzaine de gouaches sur papier dont une œuvre de six mètres de long peinte lors de son séjour à l’été 2015. Invité à réaliser cette immense fresque représentant l’architecture du centre d’art enserré dans ce vallon rugissant, l’artiste fasciné par le lieu et ses environs, peint sans relâche pendant cinq jours et couvre ses quinze rouleaux de papier de paysages d’Auvergne, de portraits des familles des hameaux avoisinants et d’enfants rencontrés sur différents sites. Même les chiens prennent la pose et deviendront  les « cerbères » gardant les portes de l’enfer…

Formé par Olivier Debré et Georges Jeanclos à l’ENSBA de Paris, cet artiste – peintre et sculpteur- explore la question de la forme, les rapports d’espaces, la matière et la couleur. Dès sa jeunesse, fasciné par un tableau de Rothko, il s’intéresse à l’art abstrait américain même s’il est un grand admirateur de Giacometti et de Matisse. Après avoir peint dans les années 80 des toiles abstraites, déclinant un répertoire de formes et de couleurs, il réalise dans les années 90 ses premiers autoportraits sur des fonds monochromes qui préfigurent une longue série de portraits d’amis, voisins et enfants peints en atelier dans des positions spontanées et naturelles.

Lors de ma visite dans son atelier, j’eus l’étrange impression d’entrer dans un de ses tableaux…tout y était, le sol gris, les tissus de couleur jaune ou bleue tendus ici et là, les objets récurrents comme la petite table rouge, les plantes, les catalogues d’artistes admirés, une planche en bois couverte de tubes de couleur écrasés…un joyeux capharnaüm où il évoluait  entre les toiles qui séchaient au sol et sur les murs.

Mais en parallèle à ce travail en atelier, Damien Cabanes remplit depuis toujours des carnets de croquis et aime à peindre à la gouache sur papier des paysages et architectures en extérieur, sur le motif… c’est alors une peinture sur le vif, sans repentir, dans une gamme chromatique de camaïeux de gris et verts ponctués de couleurs pures. Au gré de ses déambulations, il rencontre les habitants.  Il trace alors l’ébauche des sujets avec un cerne rouge et va à l’essentiel pour « donner forme aux choses de la vie » dans un style proche de l’abstraction. Ici un couple assis, là une « brochette d’enfants » dans un centre aéré, ailleurs une mère et sa fille … Les personnages sont façonnés par les émotions et sensations que l’artiste perçoit. La force de cette peinture se définit dans le « suggéré contenu » où la figure humaine, isolée de son contexte, centrale et souvent présentée de façon frontale, nous raconte une histoire personnelle.

L’artiste nous invite ici à un voyage au cœur d’une région et de ses habitants, afin de prendre conscience de l’essence même de la vie au travers du quotidien, dans un lieu à découvrir sans plus attendre…

 

Par Sylvie Fontaine


Infos :

Une semaine d’enfer !
Le Creux de l’enfer, centre d’art contemporain 85 avenue Joseph Claussat, Vallée des usines, Thiers
du 15 juin au 11 septembre