CHOUROUK HRIECH - Mers célestes

 

Chourouk Hriech, invitée par le directeur de La Terrasse Emmanuel Posnic, inaugure avec cette exposition un cycle intitulé les Nouveaux imaginaires urbains, en lien avec les mutations rapides et contrastées de la ville de Nanterre. Un contexte dont a su s’emparer l’artiste comme lors de chacune de ses interventions.

 

Nous sommes conviés à un voyage poétique et sensible en trois séquences qui commence dès l’extérieur sur l’esplanade par ce ciel emprisonné dans les vitres du cube du centre d’art. Ciel désormais très présent dans le travail de l’artiste comme précédemment dans l’exposition Voyages immobiles. Le Grand Tour ou à l’Institut des Cultures d’Islam. Tout le défi consistait, comme le précise Matthieu Lelièvre, conseiller artistique du macLyon qui a accompagné l’artiste dans ce projet, « à entremêler plusieurs strates de narration et de références à ce côté très minéral du centre d’art ».

 

« L’artiste, qui scénographie beaucoup ses expositions, a eu comme premier réflexe de tracer des lignes au sol pour structurer l’ensemble » indique Emmanuel Posnic. Des verticales et horizontales se dégagent même si des effets de trompe-l’œil déjouent vite nos repères. De nombreux échos se font autour du chiffre trois, considéré comme idéal à un équilibre naturel. Ainsi trois grands tableaux organisent l’espace principal, avec cette silhouette féminine que l’on retrouvera plus tard. Le kimono renvoie à la fois à l’ornementation et à ce que l’artiste qualifie d’architecture du corps face au dessin, ce qui rejoint chez elle une pratique de la performance et du chant. L’architecture environnante est aussi bien moderniste que vernaculaire.  Nous sommes à la fois à Nanterre et quelque part en Méditerranée ou au Japon. La nature est toujours exubérante comme l’évocation d’un ailleurs avec ces « Mers Célestes », titre de l’exposition, et Céleste qui est aussi le prénom de l’amie de l’artiste présente dans les vidéos.

 

Il nous faut traverser, rien n’est donné à voir de prime abord, comme les différents stades d’un cheminement, d’une révélation. Alors qu’elle privilégiait le noir et blanc elle a redécouvert l’aquarelle, osant des camaïeux de bleu qui suggèrent cette impermanence, cette fluidité, cet état transitoire, rehaussé par les effets de reflets des oiseaux dans l’eau et les tissus mouvants et suspendus. « Nous évoluons dans un environnement de mirages et d’oasis suggérant un paysage flottant selon la notion de l’ukiyo-e, motif récurrent chez l’artiste » commente Matthieu Lelièvre.

Puis les images d’une performance surgissent. La femme des tableaux habillée d’un kimono réapparait et s’enfonce peu à peu dans la mer, dessinant un trait comme une ligne d’horizon qui nous emmène vers l’infini, s’enroule et se déroule, tels les zelliges du paravent repris sur la porte d’entrée comme un signal.

 

La 3ème séquence se joue à travers les grandes fenêtres avec une autre vidéo de cette performance projetée en écho. La même silhouette, sur fond d’un grand papier peint et de trois photographies de la femme en kimono, évolue cette fois dans un autre décor, celui de Nanterre dont le reflet danse avec elle. Mirages urbains ou fantasmes imaginaires, magie de mille mondes déployés, cartographies du silence et du bruit.

 


Mers célestes – Chourouk Hriech

Jusqu’au 18 décembre 2021

La Terrasse, espace d’art de Nanterre

57 boulevard de Pesaro, Nanterre