Biennale de la jeune création à La Graineterie
Déjà la 14ème édition de la Biennale de la jeune création ! Organisée par le centre d’art La Graineterie à Houilles, cette manifestation est un creuset dynamique et incontournable des expressions artistiques émergentes.
La Graineterie de Houilles, inaugurée en 2009 et dirigée par Alexandra Servel depuis 2020, défend passionnément la création, organisant chaque année trois expositions, collectives ou personnelles, et présentant tous les deux ans cette pertinente Biennale.
Pour l’édition 2022, le traditionnel appel à candidatures a été remplacé par une présélection confiée à dix Écoles supérieures d’art – dont l’École nationale supérieure d’arts de Paris – Cergy, l’ENSBA de Paris, l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs ou l’École supérieure d’art de Clermont-Ferrand – choisissant chacune une quinzaine de leurs diplômés 2016 – 2021. Un jury de cinq professionnelles et d’acteurs locaux, présidé par Alexandra Servel, a retenu onze candidats.
Succédant à la résidence de création « Un artiste en ville », la nouvelle résidence de 11 mois SODAVI [Schéma d’Orientation pour le Développement des Arts Visuels], développée à l’initiative de la Direction régionale des affaires culturelles et portée financièrement pour 2022 par la Drac Île-de-France, invitera en 2023 l’artiste lauréat de la Biennale, désigné par ce même jury, à une résidence suivie d’une exposition et de la publication d’un catalogue
Alexandra Servel relève la grande diversité de cette manifestation, tissée de fils conducteurs et d’échos dans les œuvres présentées, souvent produites spécifiquement pour la Biennale.
L’identité sexuelle émerge des propos de Jordan Roger (1996), [au nom de famille volontairement rayé], revisitant les clichés queer, homosexuels dans sa ludique installation Burn them all, un château de princes et de princesses, rappel incisif de l’univers Disney.
Les persistances de l’héritage culturel et de ses racines surgissent de Prélude de l’Imposture d’Hanna Kokolo (1997), rencontre d’un héritage franco-congolais dans sa convocation de la religion, de la tentation du pouvoir et de la politique, et de la vidéo J’ai besoin de la chance de Sinae Lee (1989), des chuchotements au creux de l’oreille entre sa mère et sa grand-mère vivant à Séoul.
L’émerveillement dans l’observation de l’univers par un regard enjoué, touchant à l’enfance ou provocatrice de situations est le propos de Flora Jamar (1997) avec sa Sérénade pour une tortue, rencontre amoureuse avec cet animal dont la carapace n’est autre qu’un couvercle de piscine pour enfant. Chez la youtubeuse et artiste Shayna Klee (1992) l’installation I sometimes feel like your imaginary friend mixe sculpture, vidéo et performance, résultat d’un travail de recherche collaborative et créative avec une communauté virtuelle.
Dans ses conférences-performées Morgane Baffier (1997) élabore un univers humoristique, guidant son auditoire au cœur de ses raisonnements construits de syllogismes, de jeux de langage, de logiques de proximité complétés par tout un ensemble de schémas, graphiques et diagrammes.
Allant à la rencontre de l’autre, Amie Barouh (1993) déambule avec sa caméra dans le quartier de la gare du Nord à Paris, échangeant avec les passants ou les habitants.
Les Chambres du peintre Jules Bertin questionnent ces espaces réceptacles des vécus personnels, dont le regard n’en est que plus ambiguë, car la grande majorité de celles-ci ne possèdent aucune porte de sortie.
Inès Elichondoborde, avec Le Plateau, vidéo réalisée avec le photographe Matthieu Lor, explore une ville-champignon cambodgienne devenue immédiatement une ville-fantôme.
La pratique de Lena Hervé (1994) se situe au croisement de la photographie et du texte. Avec La fièvre tropicale, elle évoque la vie de son grand-père, malade, en Indochine, mêlant réalité et fiction.
S’intéressant à l’éducation, l’installation de Wan Ting Fu (1989) revisite l’emploi du temps de sa dernière année scolaire que l’artiste cherche, à force de répétitions, à se remémorer. Elle y a inclus l’évocation de métiers à tisser vus lors de son enfance taïwanaise.
Comme nous le souligne Alexandra Servel, « la plupart des artistes sélectionnés de la Biennale n’ont jamais exposé dans un centre d’art contemporain francilien. Mémoire de cette Biennale, le catalogue, rédigé par les membres du jury – Marie Cantos et Doria Tichit, Julie Crenn, Camille Paulhan, Leïla Simon -, est un élément important et primordial dans le parcours de ces trentenaires, souvent le premier texte critique écrit sur eux et leurs œuvres présentées ». Créant une « relation de compagnonnage », l’accompagnement par la Graineterie est un « véritable sur mesure », qu’il soit théorique ou dans la recherche de financement.
Deux programmes ont été initiés spécifiquement pour cette Biennale 2022. Les onze sélectionnés rencontreront, pour des échanges, des membres de la Drac Île-de-France, de l’AMAC et de l’association belge On the move promouvant la mobilité culturelle. Le second est une résidence au 32BIS à Tunis pour l’un des onze artistes, choisi par la direction de ce nouveau lieu de création outre-Méditerranée.
Autre temps fort de la programmation de La Graineterie, la Biennale permet de faire découvrir ces artistes au plus grand nombre, par des rencontres avec le public scolaire ovillois et le « public empêché » de l’Institut de pédagogie curative de Chatou.
Lieu de croisement de diverses expériences et pratiques dans la dynamique de sa Biennale, telle s’insère La Graineterie dans la défense et la promotion pertinente des jeunes artistes. Après son cycle Utopie et questionnement des communautés choisies ou imposées – Laure Tixier, Jan Kopp, François Dufeil, lauréat de la 13ème Biennale 2020 -, le cycle Environnement et écologie en 2023 présentera le photographe colombien Luis Carlos Tovar et Suzanne Husky.
INFOS :
Biennale de la Jeune création 2022
Jusqu’au 5 novembre 2022
La Graineterie – 27, rue Gabriel-Péri, Houilles