Aux confins du visible et de l’invisible
Caroline Corbasson, diplômée des Beaux-Arts de Paris et de la Saint Martins à Londres, est une exploratrice de l’univers, à la croisée des sciences et de l’art.
Fascinée depuis son enfance par les cieux nocturnes puis plus tardivement par le cosmos et les limites de sa représentation, elle parcourt le monde et n’hésite pas à s’entourer de scientifiques et plus particulièrement d’astrophysiciens.
Alors que les artistes soulèvent de nombreuses questions, les scientifiques tentent d’y répondre. L’art est alors utilisé comme vecteur de connaissance. De tout temps les artistes ont été admiratifs devant la Nature, et l’ont reproduite, magnifiée, investie. C’est en observatrice attentive que Caroline pose son regard sur le cosmos, les paysages et plus concrètement sur la matière.
Quelle est la place de l’homme dans cet univers et face à cette infinitude ?
« Regarder dans l’espace, c’est comme regarder dans le passé à des millions d’années-lumière » ajoute-t-elle.
C’est à l’aide de mediums très variés – sculpture, dessin, photographie et récemment vidéo – que cette artiste nous invite à regarder le monde et prendre conscience d’espaces insaisissables aux confins du visible et de l’invisible, de l’infiniment grand et l’infiniment petit.
Le choix de matériaux pauvres comme le charbon, le métal ou le graphite d’une part, et l’absence d’échelle spatio-temporelle d’autre part, ne permettent pas au spectateur de se situer entre hier et demain. Le regardeur est en réalité invité à construire ses propres images mentales.
En témoignent les œuvres récemment présentées dans l’exposition In Natura telle Dust to Dust, représentant l’immensité du ciel étoilé ou « une poussière primitive » déposée sur le papier noirci au charbon, n’est pas sans rappeler la formation des planètes résultant de la condensation de gaz et de poussière.
Pour sa première exposition personnelle à Paris, sous le titre « Sidereal », Caroline Corbasson présente différentes œuvres en lien avec le cosmos, suite à son voyage dans le désert d’Atacama au Chili et sa rencontre avec les chercheurs de l’observatoire astronomique Carro Paranal, situé à 2 600m d’altitude. Paradoxe d’un centre de recherches ultra sophistiqué dans un paysage hostile, aride et vierge.
De retour de ce lieu qui évoque presque une autre planète, elle a confronté la matière prélevée dans le désert à divers protocoles expérimentaux et propose un ensemble de sculptures, tirages au charbon et photographies de poussières réalisées à l’aide de microscopes ultra-puissants permettant de voir au-delà du visible, et une installation vidéo dont le titre « The still point of the turning world » est emprunté à un texte du poète et dramaturge T.S. Eliot.
En parallèle à l’exposition sera projeté dans une salle de cinéma, le court métrage « Atacama », réalisé au Chili, entre documentaire et fiction, comme une réflexion sur le geste de la création mais aussi sur la notion de temps.
Le travail de cette artiste pointe de nouveaux paradigmes scientifiques où de la voûte céleste aux abîmes terrestres, l’homme paraît bien fragile !
*In-Natura, 10 artistes pour les 10 ans d’Artaïs, exposition collective au DOC de Belleville
Par Sylvie Fontaine
Infos :
Caroline Corbasson, Sidereal
Galerie MONTEVERITA
127, rue de Turenne, Paris 3è
jusqu’au 9 décembre