Assemblages pour spectacles sans objet au Crédac

Louise Hervé et Chloé Maillet sont de retour au Credac, qui propose une anthologie de l’ensemble de leur production artistique autour de la notion de « performances didactiques », au cours desquelles elles émettent un certain nombre d’hypothèses oscillant entre véracité scientifique, projection fictionnelle et références littéraires ou cinématographiques.

Le duo opère selon le même protocole : vêtues d’un uniforme strict, citant d’un ton dogmatique différentes sources et s’entourant d’experts. Déclinant plusieurs variantes d’une même histoire selon le lieu investi, elles trouvent d’autres interprètes opérant sur le ressort de la croyance populaire mêlé à la culture savante. Leurs performances ne sont jamais enregistrées volontairement.

 

Ce projet, articulé en deux actes, offrant chacun un programme de performances et de films, dévoile leur propre musée, dans l’espace du centre d’art, à partir d’œuvres empruntées à des artistes spirites.

Nous y retrouverons également des « objets propres à susciter les performances », tel ce presse-papier ayant appartenu à Maurice Thorez, député d’Ivry, dirigeant du Parti communiste de 1930 à 1964, dont le fonds leur avait inspiré en 2012 un texte de science fiction « L’un de nous doit disparaître ». Nous pouvons y voir également la reconstitution du transport de tumulus de Bougon (5ème millénaire avant notre ère), un tapis de jujitsu utilisé par les Suffragettes de Londres dans des techniques d’auto défense, une famille enfermée dans un bunker en attente d’une invasion d’extra-terrestres, la communauté des saints-simoniens active en performance publique au XIXème, des archéologues sous-marins et des curistes en thalassothérapie, le tout sous un angle volontairement anachronique, décalé, voire franchement drôlatique.

L’activation du récit passe par de multiples inepties qui, sous couvert d’une méthode rigoureuse, jouent sur le trouble de la perception, dans des jeux de rôles savamment orchestrés. Transmission et hiérarchie des savoirs, véracité du récit historique, codification du discours public, tels sont les enjeux passionnants de ce duo immédiatement reconnaissable et délicieusement iconoclaste.

 

Par Marie de La Fresnaye


Infos :

Louise Hervé et Chloé Maillet, L’iguane

Acte I, du 20 janvier au 18 février
« L’Iguane : La salle sans nom »

Acte II, du 20 février au 25 mars
« L’Iguane : Rien n’est dit »

Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac

La Manufacure des Œillets

1 place Pierre Gosnat, Ivry Sur Seine

du 20 janvier au 25 mars