Around video art fair à Bruxelles : best of !

Par Marie de La Fresnaye2 octobre 2023In Articles, 2023

 

Après 2 propositions à Lille, une 3ème édition test à Bruxelles qui tient ses promesses autour d’une liste de galeries très internationale avec comme nouveauté cette année d’autres mediums présents en lien avec la démarche vidéo, les chambres de l’hôtel étant plus spacieuses. Cela rassure les galeries comme le précise Haily Grenet, directrice de la foire, qui se félicite de cette étape européenne franchie. Cinq cartes blanches sont offertes à des artistes sans galeries (Bisou magique, Mayura Torii, Lina Laraki..) selon l’ADN de tête chercheuse de la foire. A noter que le Total Museum of Contemporary Art de Séoul présentera en novembre une sélection de vidéos primées lors d’éditions précédentes. Un large programme d’évènements complétait favorablement le Week-end dans le cadre du parcours VIP, comme l’exposition d’Albert Baronian à la CAB ou de Francis Alÿs au WIELS.

 

AKINCI (Amsterdam) Lungiswa Gqunta

L’artiste sud-africaine Lungiswa Gqunta se saisit du rêve pour évaluer les privations et limites imposées en tant que résurgences de l’histoire coloniale. Une expérience où elle peut « déplacer des montagnes » et entrer en communication avec ses ancêtres et les dépositaires de la mémoire spoliée. Une œuvre textile est également proposée par la galerie.

Luis Adelantado (Valencia) Alex Reynolds – en collaboration avec Alma Soderberg (chorégraphe) La main qui chante

De l’extraction du chêne-liège lors de la récolte annuelle en Estrémadure, au battement d’ailes d’un oiseau dans le ciel, à la bouche d’un interprète et aux mouvements de la main, l’artiste tisse un faisceau de correspondances narratives et sensorielles. Du haut d’une terrasse, des mots sont prononcés en espagnol et en anglais alors que se détache en toile de fond le Palais de Justice de Bruxelles. La cinéaste espagnole a rencontré la chorégraphe Alma Soderberg à Bruxelles en 2016 et bien que venant d’horizons différents, leur travail se rejoint dans une même obsession autour de la tension entre l’oralité et la vision et comment l’écoute peut être une étape pour aller vers l’acte de voir en profondeur.

Nadja Vilenne (Liège) Valérie Sonnier

Si Victor Hugo développe une passion proche de l’addiction pour le spiritisme, espérant entrer en communication avec sa fille Léopoldine tragiquement disparue, et poursuivant la conversation avec de nombreux esprits, Valérie Sonnier est partie à la rencontre de ces lieux hantés entre la place des Vosges et Hauteville House à Guernesey. Sa caméra se fige sur les objets, les décors, les détails à la recherche de l’insaisissable, de l’invisible, jouant avec les codes de la photographie spirite très en vogue au début du siècle. La figure du spectre fascine.

22,48m² (Paris) Jonathan Monaghan

Den of Wolves (la tanière des loups) est une fable contemporaine, une dystopie où le Capitole Etatsunien après être déboulonné par des fous furieux est le pivot central d’un capitalisme décomplexé et désincarné, d’une blancheur extrême où les marques ont remplacé les humains. Il flotte comme un parfum de catastrophe malgré cet univers très aseptisé. Des loups, aux allures de policiers richement parés, s’emparent de symboles princiers (la cape, le sceptre) et déambulent dans les allées vides de supermarchés. Leurs yeux brillent d’une lueur suspecte. Des cyber-chiens d’un voyage sans retour. Entre esthétique du jeu vidéo et architecture baroque, l’artiste convoque de multiples références autour des notions de pouvoir d’autorité et de surveillance.

Aline Vidal (Paris) Elika Hedayat

Jeux d’enfant est le récit puissant de l’expérience traumatique de la guerre Iran-Irak à partir de témoignages recueillis par l’artiste, diplômée du Fresnoy. Des scénettes où de jeunes iraniens racontent comment un objet les rattache à leurs souvenirs du conflit. Une histoire collective et individuelle de l’exil et de la perte qu’elle met en scène à partir de la vidéo mais aussi du dessin, de la performance ou de l’installation.

Galerie C (Neuchâtel, Paris) Jean-Christophe Norman

« Je vais d’un livre à un autre, d’un fragment à un autre fragment. De la même façon, je traverse les villes de par le monde. Et d’une façon identique, je traverse la vie, en tentant de laisser quelques traces. Ce qui, somme toute, est déjà bien assez. » déclare l’artiste pour qui les livres sont des compagnons de route. Brouhaha est le nom d’une performance filmée où l’artiste parcourt Marseille avec une édition d’Ulysse de James Joyce qu’il frotte, lacère, déchire contre les murs. L’épilogue d’un long compagnonnage au cœur de nombreuses villes traversées. Des paysages dessinés sur les pages et éditions du livre complètent le dispositif vidéo comme autant de lignes invisibles qui se rejoignent.

Dorothée Nisson Gallery (Berlin) Julia Peirone

L’artiste argentine, basée à Stockholm, poursuit un travail sur le genre et les injonctions de la beauté autour des jeunes filles à travers la photographie et la vidéo. Avec I am not a blonde, elle a demandé à des femmes de se maquiller à la façon de Marilyn Monroe mais sans miroir. Les bavures du maquillage deviennent alors des résistances aux canons en rigueur. Entre fragilité et force, chacune tente de trouver sa tonalité.

Bombon Projects (Barcelona) Joana Escoval

Le dispositif vidéo faisait partie de l’ensemble d’une exposition présentée en 2020 au musée Berardo de Lisbonne. L’artiste avait transformé l’espace du musée en un labyrinthe où le visiteur devait suivre une forme de dérive, de chemin tortueux, entre ombre et lumière. Au final de l’exploration sous terraine deux moniteurs vidéo en face à face surgissaient. Le regard d’un félin affronte celui d’un humain, sauf que les pairs d’yeux bordés de noir finissent par se confondre dans une lente chorégraphie immobile. Lequel va-t-il l’emporter ? Le titre All the food they shared with each other come from the forest, and the nearby rivers and streams insiste sur une dimension fusionnelle perdue avec la nature comme dans tout le travail de l’artiste.

 

  • Prix Around Video décernés par les membres du Jury

Rafaela Lopez x Gilles Drouault (Paris), Showtime (2023)

Bertille Bak x The Gallery Apart (Rome), Tu redeviendras poussière (2017) Produit par Artconnexion, Lille

Julia Peirone x Galerie Dorothée Nilsson (Berlin), Je ne suis pas blonde (2022)

  • Prix Ici/Maintenant : acquisition par le fondateur

Regina José Galindo x ADN Galeria (Barcelone), No te creo (2022)

Ariane Loze x Michel Rein (Bruxelles / Paris), Si vous n’avez pas choisi A, vous choisirez probablement B (2022)

  • Mention spéciale

Rebecca Allen x Arcade (Londres), Rebecca Allen (1982-1992)