Architextures de paysage #1 à Oiron

Par Dominique Chauchat16 septembre 2017In Articles, 2017, Revue #16

Planté au bord d’une petite route, au milieu des champs, le château d’Oiron est une exception dans le paysage de l’art contemporain. L’édifice,  bâti à partir du XVIè siècle, et maintenant géré par le Centre des Monuments Nationaux, accueille une superbe exposition permanente, issue du Fonds National d’Art Contemporain, de Gloria Friedmann à Bertrand Lavier, Ilya Kabakov ou Wim Delvoye

Christian Boltanski occupe la partie supérieure d’une pièce lambrissée, avec des portraits des écoliers d’Oiron, chacun rangé sagement dans sa case.

La totalité des murs d’un petit salon carré est couverte des 365 Brûlures Solaires de Charles Ross, réalisées pendant toute une année à l’aide d’une lentille de Fresnel : l’empreinte visible à la fois du temps qui passe et du temps qu’il fait. Et tant d’autres oeuvres à admirer et interroger…

Cet été, les commissaires Marie Cantos et Maryline Robalo (PA / Plateforme de création contemporaine), invitées par la directrice des lieux, Carine Guimbard, présentent jusqu’au 4 juin Architextures de paysage #1, qui disperse dans le château des oeuvres d’une dizaine d’artistes. Autour des notions d’espace perçu, espace vécu, espace conçu, elles viennent perturber l’ordonnancement classique du château.

Parmi elles, voici, avant même d’arriver, le drapeau de Rémi Uchéda qui nous accueille : dans un dégradé du noir au blanc, sérigraphié d’un côté et peint à la bombe de l’autre, il représente tous les drapeaux, ne gardant que le signe pur, débarrassé de toute notion d’appartenance. Puis au fil des salles, sont disséminés ses Pont d’envol, silhouettes du pont zéro d’un porte-avion, en miroir de la pièce de Ian Hamilton Finlay « La bataille de Midway », dans la Salle des Batailles.

Horizon de Julie C. Fortier fonctionne comme un fil d’Ariane dans le grand escalier et les combles : où l’horizon n’est plus seulement du domaine de la vue, mais relève aussi de l’odorat. Elle nous propose un parcours de 6 odeurs, qu’elle a créées elle-même, que l’on pourrait suivre les yeux fermés, à travers 6 paysages olfactifs, du « Feuillage vert qui bruisse » à « La clairière de foin sec ».

Discrètement installée devant une fenêtre, la petite Lithophanie de Guillaume Constantin nous interpelle par ces deux mots : Tes yeux. Comme un ex-voto contemporain, révélé par la lumière qui le traverse, il expose son énigme produite sur imprimante 3D : les yeux, élément primaire et essentiel de tous les arts visuels.

L’installation d’Isabelle Ferreira, Eléments de perspective, mêle des pièces en bois :  socles, éléments naturels bruts ou peints, construisant un paysage qui dialogue avec l’architecture et le décor de la Salle d’armes.

Perdue au bout d’un couloir, voici la Table sensible de Blanca Casas Brullet, qui installe sur une table éphémère et fragile  posée sur tréteaux des films et papiers photosensibles, maintenus par des pierres. Elle dévoilera à la fin de l’exposition le paysage qu’imprime, jour après jour, sur les surfaces exposées, la lumière filtrée par les vitraux des fenêtres.

Dove Allouche présente Déversoirs d’orage : une série de 14 héliogravures (le soleil, à nouveau), de vues énigmatiques des égouts de Paris.

Le parcours continue avec Mélanie Berger, Vincent Chenut, Marie-Jeanne Hoffner et Ali Trani.

A quelques heures de voiture de Paris, voilà une destination qui vous en mettra plein la vue !

 

Par Dominique Chauchat


Infos :

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du 11 au 25 juin