Antonioni aux origines du pop

Par Artais13 septembre 2015In Articles, Expositions, Revue #10

 

« Je pense que le cinéma est très proche de tous les autres arts et qu’il les résume en peu tous ». Cette citation de Michelangelo Antonioni (1912-2007) résume l’œuvre de cet artiste protéiforme, sensible aux arts et à l’écrit, peintre de minuscules gouaches qu’il agrandit photographiquement, pour devenir de spectaculaires paysages : Montagne incantate. Un point très fort de cette exposition.

De Chronique d’un amour à L’Éclipse, il élabore des films en noir et blanc travaillés à l’extrême, le blanc tel un silence et le noir tel un cri.

Contemporain de Dubuffet et de Fontana, il privilégie esthétisme, plastique et dramaturgie. Amoureux du visage de Miss Italie – Lucia Bosè – il lui fit tourner Chronique d’un amour et La dame sans camélia. Sa seconde muse, Monica Vitta, contribue à l’indépendance de son style avec sa trilogie : L’Avventura, La Notte et L’Éclipse. Apparaît sa thématique esthétique, dénonçant par une architecture rigide, cynisme, lâcheté et emprise oppressante du silence, une équivalence aux natures mortes de G Morandi ou aux architectures de Chirico. Marcello Mastroianni, Alain Delon, Jack Nicholson tourneront pour lui.

Le Désert rouge (1964), son premier film en couleurs, voit le passage du style architectural de la trilogie à un style pictural en devenir. La crise sociale entraîne Antonioni vers un désenchantement et un désespoir. Il se fait voyeur de la société londonienne en pleine explosion pop, psychédélique avec Blow-up, passant des couleurs rouge à verte, ce que souligne la très belle scénographie de cette exposition.

 

Zabriskie point et Profession reporter traduisent le hiératisme de Rothko et la fébrilité de Jackson Pollock, ses contemporains. Antonioni revient à Ferrare, accomplissant ce geste orphique du retour sur son passé en essayant de retrouver dans le visage de Christine Boisson – Identification d’une femme- celui de Lucia Bosè. Jusqu’au terme de sa vie, l’art de ses contemporains, largement présenté dans cette exposition, l’aura porté, tels Balla, Bacon, Burri, Pollock, Alberto Burri ou Julian Schnabel – magnifique Antonioni was here , 2010, à l’entrée de l’exposition -. Les artistes actuels continuent à lui rendre hommage, tel Luidgi Beltrame ou Julien Crépieux.

Antonioni, un homme irréductiblement contemporain.

 


INFOS :

La Cinémathèque française

51 rue de Bercy, Paris 12è

jusqu’au 19 juillet

Rétrospective de ses films jusqu’au 31 mai