Anticorps

 

Cet automne, Anne Imhof, Lion d’or de la dernière Biennale de Venise, aurait dû avoir « carte blanche » et investir tous les espaces du Palais de Tokyo. La crise sanitaire en a décidé autrement et l’exposition est repoussée au printemps et remplacée par Anticorps, spécialement conçue durant le confinement et regroupant une vingtaine d’artistes. Adelaïde Blanc, l’une des curatrices de l’exposition, nous a parlé de ce projet « hors cadre».

 

Anticorps est née spontanément, en réaction au contexte que nous subissions tous. Avec toute l’équipe du Palais, nous avons voulu voir comment les artistes avec qui nous étions en lien réagissaient à ce contexte. Et nous l’avons baptisée ainsi à la fois en référence, d’un point de vue biologique, aux molécules complexes qui peuvent neutraliser un corps étranger, mais aussi à « l’anti-corps », à la contre-forme, au contour de nos enveloppes corporelles qui amènent à se poser la question de la peau. Où est la frontière de nos corps ? Est-ce que la peau n’est pas aussi une interface, sensible, à notre environnement plutôt qu’une frontière qui rejetterait tout ce qui est en dehors ?

 

Ce qui nous a intéressés était de reconsidérer les notions de distance et de proximité. Distance, mais aussi porosité physique, avec bien évidemment la notion de contamination, mais aussi dans la société, puisque plusieurs œuvres de l’exposition renvoient à des corps invalides, rejetés parce qu’appartenant à des classes dominées, etc. Les artistes que nous avons sélectionnés ont des pratiques et des âges très différents. Mais ils se retrouvent autour de grands ensembles conceptuels que nous avons divisés en quatre zones que le spectateur pourra visiter dans l’ordre qui lui convient.

 

Après la grande installation sonore de Dominique Petitgand, les œuvres de Lola Gonzalez ou Tarek Lakhrissi par exemple renvoient aux corps confinés se préparant à affronter une menace extérieure, Xinyi Cheng et Pauline Curnier Jardin posent la question de ce que signifie « faire communauté », lorsque Ghita Skali ou Kate Cooper cherchent à savoir comment être heureux et rester calme.

 


 

Infos pratiques:

Commissaires :  Daria de Beauvais, Adélaïde Blanc, Cédric Fauq, Yoann Gourmel, Vittoria Matarrese, François Piron, Hugo Vitrani

Jusqu’au 3 janvier 2021

Palais de Tokyo

13, avenue du Président Wilson, Paris 16e