Angelika Markul et l’Etat du Ciel

 

« Le temps, la mémoire, l’extinction des choses et leur renaissance » une conversation que l’artiste franco-polonaise Angelika Markul (lauréate du Prix SAM pour l’art contemporain 2012 ) ne cesse de poursuivre, exploitant les ressorts de la théâtralité d’un espace dont elle sonde les profondeurs du noir, dans des environnements sensoriels troublants. « Démoniaques » pourrait-on résumer, tel le titre de sa dernière rétrospective au musée Sztuki  à Lodz en Pologne, où s’entrecroisent les liens de la mémoire collective et personnelle. Une pratique récurrente chez cette artiste, dont les trophées s’arrachent et s’amassent au sol dans un magma organique, qui n’est pas sans rappeler la grotte originelle (ventre archaïque) du commencement de la vie ou le chaos de la fin du monde. Un entre-deux que sculptent les néons offrant des pièges comme pour révéler la face cachée et obscure du mythe platonicien. Les cages de résonance de ces mirages s’inscrivent dorénavant  au Palais de Tokyo, qui lui offre 1400m² dans le cadre de sa nouvelle saison « l’Etat du Ciel », soit la plus grande exposition jamais réalisée de cette artiste. A partir du film tourné dans la zone interdite et mutante de l’ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, « Bambi à Tchernobyl », elle mêle sculpture, vidéo et installation sur une musique adaptée du conte de Disney. Dans une scénographie conçue avec la commissaire Daria de Beauvais, en 5 parties, nous plongeons de l’Ukraine jusqu’aux ciels du Chili, dans une atmosphère multi-sensorielle ambigüe et complexe, comme pour redire l’abîme d’une société construite sur les ruines, mais aussi la qualité de l’homme face à ces mutations sous-jacentes.

 


Infos :

Palais de Tokyo
3 avenue du président Wilson, Paris 16è
Terre de départ, Angelika Markul
(Dans le cadre d’Etat du Ciel, saison 1)
du 13 février au 12 mai