Agnès Geoffray

 

« C’était en 1997. J’avais environ 20 ans, je suis allée voir la biennale de Lyon (…) avec mes parents (…). Moi, je n’avais pas trop aimé l’art, mais je les ai accompagnés, avec mon frère. En fait, j’ai perdu mes parents au cours de cette exposition.

L’une des pièces présentées était une pièce de Chris Burden, un rouleau compresseur volant qui tournoyait sur lui-même. A un moment, il s’est décroché et mes parents et mon frère sont morts sur le coup, écrasés. J’ai perdu mes parents par l’art. »

Interview ou comment mes parents sont morts ou comment j’en suis venue à l’art.

A une époque où la photographie est présente à tous les coins de rue, il est bon de s’interroger encore sur son statut. Bien que depuis longtemps, notre connaissance des trucages nous a convaincus qu’elle ne dit que ce veut dire son auteur, notre pulsion à y croire résiste !

A travers photographies, installations, vidéos, performances, objets et textes, Agnès Geoffray nous raconte des histoires à la limite. A la limite de la crédibilité, à la limite de la perversité, ses images s’insinuent dans les failles de notre raison, là où Goya faisait surgir des monstres.

Quelle réalité cachent-elles ? Que dévoilent-elles ? Quelle vérité ?

L’histoire incroyable de la mort violente de ses parents peut sembler « vraie ». Mais mise en regard du « Mystère Valdor », ensemble d’articles de journaux relatant des disparitions de jeunes filles, où les indices font penser rapidement à une fiction, elle provoque la suspicion.

La violence intense de ses dessins au trait de suppliciés, entretient le doute. L’ambiguïté terrifiante des photographies nocturnes où les points lumineux des yeux des personnages nous regardent autant que nous les regardons, augmente le malaise.

Représenter des fantasmes se fait habituellement au moyen du dessin (comme Goya), de la peinture ou de la sculpture ; Agnès Geoffray le fait avec le medium photographique, qui est sensé montrer la réalité. D’où l’excitante ambiguité fondamentale de ce travail.

Agnès Geoffray, sortie de l’ENSBA Paris en 1997, vit et travaille entre Bruxelles et Paris.

 


Infos:

Galerie Eva Hober
Cœurs vaillants, exposition collective sur une
proposition de Damien Cadio
35 rue Chapon, 3e
jusqu’au 16 février

La Conserverie
Cette famille, sur un commissariat de Sandrine
Creuzot
8 rue de la petite boucherie, Metz
jusqu’au 23 février

Grandes Galeries
Place de l’Aître Saint-Maclou, Rouen
Le moindre geste, sur un commissariat de
Stéphane Carrayrou
du 14 mars au 18 avril