68e Salon de Montrouge

 

Andrea Ponsini, le nouveau directeur du Salon de Montrouge, est arrivé en France en 2004 et a pris en 2014 la direction du pôle arts plastiques à la Mairie de Montrouge. Il a contribué à l’organisation du Salon aux côtés des commissaires Stéphane Corréard, Ami Barak et Guillaume Désanges / Coline Davenne avant de prendre les commandes de la 68e édition qui a eu lieu en février.

 

 

Françoise Docquiert : Quelle est votre politique pour le Salon ?

Andrea Ponsini : Le Salon de Montrouge est un sismographe des tendances et des mouvements de la création émergente en France. Son action s’étend de l’appel à candidatures jusqu’à l’accrochage des œuvres, en passant par un système attentif de sélection et un accompagnement curatorial sur-mesure. Défendre les jeunes artistes, c’est tout d’abord accompagner la créativité par la diffusion des œuvres et par la mise en relation avec les professionnels et professionnelles de l’art, les collectionneurs et les publics. Soutenir les artistes dans leurs démarches et leurs exigences — y compris techniques et matérielles —, c’est aussi et surtout pratiquer un exercice d’écoute et de réflexion collective.

Cette année nous avons reçu 2300 dossiers. Nous nous sommes entourés d’un comité curatorial constitué de huit personnalités de l’art : Léa Bismuth, Chris Cyrille, Licia Demuro, Anya Harrison, Sophie Lapalu, Matthieu Lelièvre, Frédéric Lorin et Henri van Melle. Choisies pour leur profil singulier, ces personnalités ont activement participé à une première sélection de 90 artistes qui s’est soldée, après deux jours d’intense travail, par le choix de 40 artistes. Les diversités de parcours, d’ancrages géographiques et de points de vue des membres du comité reflètent l’étendue du champ artistique actuel et se traduisent dans la variété du choix des artistes. Mais leur rôle ne s’est pas arrêté là.
Chacun d’entre eux – ils sont bien évidemment rémunérés – a suivi 5 artistes pendant la durée de cette édition dans une optique de véritable accompagnement personnalisé : visite d’ateliers, écriture des textes du catalogue pour certains, présence et conseils en sortie de Salon.
Nous présentons dans cette 68ème édition tous les médiums de la création contemporaine : de la peinture, un renforcement de la photographie, du dessin, de la sculpture et des installations avec l’irruption de l’Intelligence Artificielle qui trouve sa place dans le travail de certains, avec également un espace spécifiquement dédié à la vidéo et à l’image.

F.D. : Quel a été votre rôle durant toute cette période ?

A.P. : Je suis une sorte de chef d’orchestre et je me dois de donner une direction, des impulsions, des perspectives. J’ai voulu ouvrir un nouveau chapitre pensé à partir de la question des « (co)habitations » : inter-espèces, sociétales, identitaires, mais aussi en termes de systèmes de valeurs, de langages et de modes de vie. Le Salon de Montrouge est un espace de dialogue qui nous interroge : « Comment l’art peut-il susciter un espace-temps dans lequel la cohabitation, ailleurs si difficile, peut advenir ? De quels modes de partage peut-il être l’initiateur ? » Car l’intention est bien celle de créer, par cette nouvelle édition, une relation continue, quotidienne et intime avec l’art. Un art qui se révèle être aux prises avec l’actualité, parfois tiraillé dans son propre camp, car il ne cesse de questionner le monde dans lequel nous vivons afin de répondre au besoin de sens, de repères, d’échanges, d’amours et de confiance. Les artistes que nous avons présentés, mettent en avant cette pluralité des recherches, des propositions et des formes à l’œuvre aujourd’hui.

F.D. : Pourquoi ne parlez-vous plus de prix mais de perspectives ?

A.P. : Nous avons abandonné l’idée de la remise de prix, qui ne correspondait plus aux attentes des artistes. Nous avons mis en œuvre depuis deux ans des « perspectives » avec des partenaires et multiplié cette année ces accords de partenariat qui permettent à chacun d’apporter une opportunité artistique et / ou professionnelle à un artiste sur les deux années qui suivent le Salon. Par exemple, le Centre Pompidou Metz offre une dotation de 3000 euros à un artiste pour une production dans leur lieu appelé la Capsule. Le département des Hauts-de-Seine s’est associé au Musée Albert Kahn pour une exposition solo. A Lyon, le centre d’art Kommet présentera un artiste.
Par ailleurs, le Salon s’est étendu au territoire de Montrouge avec des ateliers proposés à la Médiathèque et l’espace Colucci et des œuvres in situ pendant la durée de l’évènement.

F.D. : Quelles sont les perspectives du Salon ?

A.P. : Fort de sa volonté d’accompagner les artistes, le Salon de Montrouge a dévoilé une dizaine d’opportunités professionnelles qui leurs permettront de construire leur carrière. Nous pouvons déjà compter Artagon qui propose des « formations Artagon » à tous les artistes de la sélection, la Chapelle XIV qui invite Clément Bataille à exposer dans les espaces de la galerie et Yoyaku qui invite Pauline Pastry à réaliser une pochette d’album pour leur label.
Le lieu culturel « Les Jardiniers », ouvert à Montrouge par Henri Van Velle, a retenu Jules Bourbon, Louis Lanne, Sehyoung Lee pour une exposition collective. Orange Rouge invite Noémi Lancelot, Duo Oran à mener un projet artistique avec un groupe de collégiens et lycéens. Sacha Cambier de Montravel et Léonore Chastagner bénéficieront d’une résidence sur l’île de Paxos en Grèce grâce à Therapeia Art Residency. Julio Artist Run Space donnera carte blanche en juin 2025 à Kim Doan Quoc, Hendrik Gonzalez Nuñez, Josefina Paz.

Les artistes sélectionné.es : Léna Aboukrat, Cindy Bannani, Amie Barouh, Clément Bataille, Fanny Béguély, Emma Ben Aziza, Jules Bourbon, Sacha Cambier de Montravel, Léonore Chastagner, Lou Chavepayre, Léa Collet, Cécile Cornet, Gwendal Coulon, Kim Doan Quoc, Nathan Ghali, Hendrik Elias Gonzalez Nunez, Carla Gueye, Louis Guillaume, Zhuang Han, Hélène Hulak, Michel Jocaille, Julie Joubert, Noémi Lancelot, Louis Lanne, Sehyoung Lee, Luna Mahoux, Charlotte Malphettes, Sandra Matamoros, Julia Morlot, Lou Motin, Elijah Ndoumbe, Lê Hoàng Nguyen, Ludovic Nino, duo Oran, Pauline Pastry, Josefina Paz, Noémie Pilo, Anastasia Simonin et Kazuo Marsden, Chloé Viton, Janna Zhiti