Émeline Amétis – Entre Histoire et Imaginaire

 

 

La photographie d’Émeline Amétis, née en 1992, explore les rapports complexes entre histoire, mémoire, territoire et identité. Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 2024, elle puise dans son expérience en journalisme et photographie documentaire pour mettre en lumière des récits individuels et collectifs, notamment diasporiques. Finaliste pour « Carte Blanche – Paris Photo 2024 », ses portraits et paysages dépassent la simple représentation pour devenir des vecteurs narratifs où le visible dialogue avec l’invisible.

L’artiste franco-caribéenne place la photographie au cœur de son langage artistique. À travers une approche hybride, son travail explore les rapports complexes tissés avec une histoire à la fois riche et marquée par des traumatismes, ainsi qu’avec la diversité des paysages et des identités multiples. Inspirée par un album photo offert par sa mère, la série de photographies argentiques Peyi Manman (le pays des mères en créole), est à la fois un voyage personnel et un questionnement sur l’héritage, qui plonge au cœur de la Guadeloupe, un territoire que l’artiste ne connaît que par le souvenir familial, lointain et presque fantomatique. Par des clichés instinctifs, pris sur le vif, Émeline Amétis explore le lien qu’elle entretient avec cette île.

Mêlant portraits, paysages et références historiques, Peyi Manman s’ouvre sur À tes rivages, la mémoire du gouffre, une œuvre représentant un jeune homme assis de dos face à l’océan, arborant un tatouage sur l’abolition de l’esclavage. La Guadeloupe, archipel où la nature revêt une puissance symbolique forte, devient ainsi le miroir d’une histoire tumultueuse où la violence et le tremblement, chers à Edouard Glissant, sont omniprésents. À travers ses photographies, Émeline Amétis joue avec l’échelle et les perspectives pour décontextualiser ces paysages, interrogeant la manière dont l’imagination comble les absences liées à la distance et l’oubli. Peyi Manman est un témoignage intime et universel sur un territoire marqué par la colonisation, l’esclavage et les migrations.
La série invite également à une réflexion sur la résilience et le rôle des femmes dans cette lignée matrilinéaire, symbolisant à la fois le patrimoine et la perpétuation des mémoires familiales au-delà des frontières et des pertes. Elle pose enfin la question de l’importance de préserver et de transmettre ces histoires enfouies.

 

 

 

 

Infos pratiques

Circulation(s), festival de jeune photographie européenne

Du 5 avril au 1er juin 2025
LE 104, 5 rue Curial – 75019 Paris