Le Centre d’art de La Ferme du Buisson

Par Francoise Docquiert7 octobre 2024In Articles, 2024

 

Le Centre d’art de la Ferme du Buisson à Noisiel a la particularité d’être inclus dans un établissement public qui permet d’interagir avec d’autres disciplines comme le spectacle vivant et le cinéma. Très impliqué dans une diversité de thématiques parmi lesquelles les revendications minoritaires et féministes, les questions de décolonisation, les identités diasporiques, le directeur du Centre d’art, Thomas Conchou, travaille en lien avec le territoire sans exclure de faire connaître des artistes internationaux.

 

 

Françoise Docquiert : Quelle a été votre formation avant votre arrivée à la Ferme ?

Thomas Conchou : Diplômé d’un master Sciences et Techniques des expositions de l’université Paris 1, j’ai intégré le département des arts visuels de la ville de Paris, ce qui m’a permis de comprendre notamment comment fonctionnent les systèmes de subvention. J’ai ensuite travaillé dans le milieu associatif : à Jeune Création puis à Societies, une structure fondée par Jérôme Poggi en 2004, qui mettait en œuvre l’action Nouveaux commanditaires en Île-de-France. Ensuite, j‘ai été lauréat du programme de résidence de la Maison Populaire de Montreuil, le seul programme à ma connaissance en Europe qui donne à de jeunes commissaires les clefs d’un lieu pendant plus d’un an avec une équipe de production, de médiation, de communication et d’administration. Parallèlement, j’ai fondé avec Anna Frera, Victorine Grataloup et Carine Klonowski le collectif curatorial le Syndicat magnifique dont les projets abordaient la question des formes de l’émergence à travers la création d’expositions et d’événements.

FD : Quelles sont les particularités de la Ferme du Buisson ?

TC : La Ferme du Buisson est à l’origine un établissement du patrimoine industriel. Les premiers bâtiments datent du 18e siècle puis ont fait partie des industries Meunier au 19e. À la fermeture de l’usine, les lieux sont devenus des friches investies par des artistes, des plasticien·nes, des comédien·nes et circassien·nes. Le département en devient propriétaire et en 1989 la Ferme du Buisson ouvre comme une structure transdisciplinaire avec l’idée d’y installer un cinéma, des activités de spectacle vivant et un cabinet d’arts graphiques qui deviendra le centre d’art que je dirige. C’est aujourd’hui un Établissement Public de Coopération Culturelle avec pour financeurs l’état, l’agglomération Paris-Vallée de la Marne, le département et la région au titre notamment des activités du centre d’art. C’est une structure qui a toujours été pensée comme un espace interdisciplinaire, issue de la décentralisation culturelle et avec un important public de proximité.

FD : Sur quels projets avez-vous été nommé directeur artistique du Centre d’art ?

TC : Mon projet s’appelait le Germoir, un clin d’œil au passé agricole du site, avec comme ligne directrice l’accompagnement de la jeune création et mon souci de regarder en permanence les scènes internationales. Je programme également beaucoup de performances qui peuvent être en lien avec les expositions ou non, à la suite de ce qu’avait initié Julie Pellegrin, la précédente directrice. Nous venons de présenter un programme expérimental de performances à la scène, le Diversorium, créé à Barcelone par des activistes de la diversité fonctionnelle et la curatrice Veronica Valentini.

Nous avons deux créneaux annuels qui alternent entre expositions collectives et expositions monographiques. Les expositions collectives sont thématiques, comme Quotidiens Communs l’année passée, qui s’intéressait aux pratiques collaboratives et sociales en art. En 2025 nous présenterons Tactical Specters, une exposition autour de la figure du spectre qui se demande ce que les morts font faire aux vivant·es. Lorsque nous sommes en saison monographique, un·e artiste est invité·e à produire une nouvelle exposition au rez-de-chaussée, tandis qu’un second solo est présenté dans la blackbox du Centre d’art, généralement autour de pratiques vidéographiques ou d’installation. Enfin nous réservons une salle pour diffuser, en conversation avec ces deux propositions, des œuvres issues de collections publiques qu’elles soient contemporaines ou patrimoniales.

Tous les deux ans, nous présentons notre programme Les Sillons qui réunit une dizaine de jeunes artistes que nous faisons bénéficier d’un accompagnement professionnel, et va bien au-delà de sa forme de monstration. On y présente toutes sortes de pratiques artistiques car pour moi il est important de montrer la grande hétérogénéité de la création contemporaine. Elle se termine par une journée de clôture avec des performances et, chose importante, je continue à suivre les artistes dans leur évolution. Je crois qu’aujourd’hui les centres d’art et les Frac font un travail fondamental auprès des jeunes artistes et qu’il y a eu une évolution du marché qui s’intéresse désormais à l’émergence. Les résidences et les dispositifs de soutien se sont multipliés mais le statut de jeune artiste reste précaire.

Enfin, au cœur du Centre d’art nous avons un espace de pratiques artistiques en autonomie, appelé la Zone à Partager, une grande salle d’exposition transformée en espace de pratique et d’accueil du public, animé par un collectif de salariés de l’ensemble de la Ferme du Buisson. Les personnes qui animent la ZAP décident ensemble de sa programmation, disposent d’un budget autonome pour inviter des artistes, imaginer des ateliers, des chantiers collectifs, etc.

FD : Comment se compose l’équipe ?

TC : Je suis directeur artistique, mon service au sein de la Ferme du Buisson se compose d’une coordinatrice de production et d’administration et d’une chargée de l’accueil et des publics, avec des renforts ponctuels sous forme de stages. Mais le Centre d’art bénéficie des services transversaux de la Ferme du Buisson : technique, production, communication, administration, publics, etc.

FD : Quelle sera la prochaine exposition ?

C’est une coproduction avec Triangle-Astérides, le Centre d’art contemporain de Marseille dirigé par Victorine Grataloup. Nous présentons la première exposition monographique d’Aline Bouvy, une artiste luxembourgeoise résidant en France. Pour cette exposition, elle s’est intéressée à l’histoire des parcs d’attractions et des parcs à thèmes. Le Prix du ticket invite le public à expérimenter plusieurs attractions en déambulant dans un environnement complètement blanc, habité par des costumes et une bande-son.

Entretien réalisé par Françoise Docquiert

 

 

 

Infos

Aline Bouvy : Le prix du ticket
Du 6 octobre 2024 au 26 janvier 2025
La Ferme du Buisson
Allée de La Ferme, Noisiel