AKAA - une foire pour découvrir de nouveaux talents

Par Delphine Goater7 octobre 2024In Articles, 2024

 

Dédiée aux scènes artistiques d’Afrique, de ses diasporas et afro descendantes, la foire AKAA – Also Known As Africa – est une invitation à la découverte d’artistes qui revendiquent un lien dans leur pratique au continent africain. Pour sa neuvième édition, AKAA poursuit avec une quarantaine de galeries et de partenaires la mise en lumière des conversations qu’entretient l’Afrique avec les Amériques et les Caraïbes, notamment par un coup de projecteur sur la scène ultramarine. Dialogue avec Victoria Mann, fondatrice de la foire, et Benjamin Hélion, son directeur associé.

 

Delphine Goater : Quels sont les principaux axes retenus pour cette nouvelle édition ?

Benjamin Hélion : Nous poursuivons l’ouverture à l’africanité, à l’afro descendance et à la diaspora africaine entamée les années précédentes avec un focus sur les territoires ultra-marins. Nous réservons aussi de nombreuses surprises thématiques lors de cette édition, comme une curation spéciale dans l’espace VIP, liée aux identités queer, un sujet que nous n’avons pas encore vraiment traité dans l’événement, et collaborons pour ce projet avec le collectif The Norm Project.

Victoria Mann : Cette volonté d’ouverture est présente depuis les prémices d’AKAA et s’entend même dans le nom de la foire, Also known as Africa. Nous partageons cette idée de questionner ce que veut dire Afrique, est-ce forcément cantonné par des frontières, de la géographie ? Ce qui caractérise un artiste aujourd’hui dans le monde contemporain, c’est sa capacité à être unique. AKAA donne la parole à des artistes qui revendiquent dans leur travail un lien avec le continent africain. Au départ, nous sommes restés très concentrés sur le continent africain, car c’était le besoin de l’époque. D’année en année, nous regardons ces ouvertures qui sont passionnantes et qui révèlent d’autres manières de considérer ces scènes artistiques.

DG : Vous consacrez un focus à la scène ultramarine. Sous quelle forme ? En quoi la vivacité de cette scène artistique vous a-t-elle inspirés pour cette édition ?

BH : Il s’agit surtout des nouvelles galeries qui n’étaient pas présentes les années précédentes. Nous avons redoublé d’efforts sur la présence de galeries et d’artistes de ces territoires, qui seront en dialogue avec les autres artistes et les autres territoires de la foire.

VM : Ces nouvelles galeries présentent des scènes artistiques encore méconnues, même en France. Pour certaines d’entre elles, il s’agit de la première foire internationale à laquelle elles participent.

DG : Vous indiquez que la conjoncture actuelle est complexe pour le marché de l’art dans sa globalité ? Quelles en sont les conséquences pour la foire ? Comment les exposants réagissent-ils à ces difficultés ?

VM : Il y a eu une crise économique il y a deux ans qui a encore des conséquences sur le marché de l’art. Les conflits internationaux, les élections de part et d’autre de l’Atlantique, beaucoup de ces événements qui entourent nos marchés créent de l’incertitude et les ventes prennent plus de temps à se concrétiser. C’est la raison pour laquelle nous avons laissé nos exposants très libres de leurs choix et avons souhaité les accompagner, tout en gardant nos contraintes de direction artistique : ne pas surexposer d’œuvres dans les stands, afin de garder une fluidité et un dialogue entre les artistes sélectionnés.

BH : Nous pouvons et devons rester optimistes. Il peut y avoir de très belles surprises. Notre travail est de mettre toutes les chances du côté des galeries.

DG : Vous évoquez le champ libre laissé à de nouvelles curations et à des artistes émergents. Quelle place ces nouvelles expressions tiennent-elles dans la foire ?

VM : AKAA a toujours orienté son ADN vers la notion de découverte. Cela s’est fait de manière très organique au départ. Aujourd’hui, ce sont des scènes très installées que l’on n’a plus à présenter. Mais ce qui a toujours séduit les collectionneurs, les visiteurs et le public d’AKAA, c’était l’idée de nouveauté. Ce fil de l’émergence est très intéressant dans ces autres contextes : diversité de points de vue et de sujets abordés. La grande difficulté d’une foire est de se renouveler. Actionner le levier de la découverte est une fraîcheur qui est assez attendue chaque année.

BH : Les nouvelles curations permettent d’accompagner et de travailler avec chaque partenaire pour voir AKAA comme une opportunité de curation. Cela signifie soumettre des projets qui ont une certaine résonance, de réfléchir au dialogue entre les artistes présentés, de réfléchir aux thématiques abordées, que ce soit dans une exposition personnelle ou un groupshow, de réfléchir aux mediums exposés et à l’impact sur leur discours. Nous souhaitons utiliser AKAA pour faire plonger les visiteurs dans certains univers et combattre la saturation visuelle qu’une foire pourrait provoquer.

DG : L’artiste camerounais MALAM est invité à présenter une installation monumentale au cœur de la foire. Quels sont les thèmes évoqués par cette installation ?

BH : Il y a toujours eu une installation monumentale dans la foire. Cette année, créée spécialement pour l’événement, elle mesurera 6 mètres de haut. Elle comprendra des têtes ou des parties de corps humain réalisées uniquement avec des matériaux de récupération, avec un discours sur l’écologie et la mondialisation. MALAM a exprimé le souhait d’ajouter de nouveaux matériaux à l’occasion de la foire.

Propos recueillis par Delphine Goater

 

 

 

Info

AKAA – Also known as Africa
Du 18 au 20 octobre 2024
Le Carreau du Temple, Paris