The Infinite woman ou la Femme tisseuse du monde.
LAURE PROUVOST, Holding as one stain glass fragments, 2020, Courtesy Galerie Nathalie Obadia - CHIOMA EBINAMA, Piscean Dream IV, 2024, Courtesy Maureen Paley - LAURE PROUVOST Cooling System 6 (for global warming), 2018, Courtesy Lisson Gallery © Laure Prouvost, ADAGP - CECILIA BENGOLEA, Pampa Kingston Sunrise, 2020, Courtesy Andréhn-Schiptjenko - CHRIS OFILI, Calypso 1, 2018, Private collection, courtesy Victoria Miro - CAMILLE HENROT, Born, Never Asked, 2017, Collection Carmignac - KIKI SMITH, Dark Water, 2023, Courtesy Pace Gallery - SOFIA MITSOLA, Deities, Diaphaneities, 2021, Courtesy Nathalie Baume - Photo Thibaut Chapotot
LOIE HOLLOWELL, Colostrum well (Cambria and Loie), 2021, Courtesy Pace Gallery - SHAFEI XIA, La montagna, 2023, Courtesy the artist and P420 - SHERRIE LEVINE, Tattooed Body Mask, 2020, Private collection, courtesy Xavier Hufkens - ALINA SZAPOCZNIKOW, Lampe Bouche, 1966, Fonds de dotation Groupe Elysées Monceau, courtesy The Estate of Alina Szapocznikow, Galerie Loevenbruck et Hauser & Wirth © Alina Szapocznikow, ADAGP. Ventre-coussin, 1968, Courtesy The Estate of Alina Szapocznikow, Galerie Loevenbruck et Hauser & Wirth © Alina Szapocznikow, ADAGP- Photo Thibaut Chapotot
HAYV KAHRAMAN, Not Quite Human 4, 2019. Courtesy the artist and Jack Shainman Gallery, New York - GHADA AMER, Les Grands Nymphéas, 2018-2022. Courtesy of the artist and Marianne Boesky Gallery and Goodman Gallery, © Ghada Amer, ADAGP - TSCHABALALA SELF, From Afar, 2019. Courtesy the artist and Pilar Corrias- Photo Thibaut Chapotot
WILLEM DE KOONING, Untitled XLIII, 1983. Collection Carmignac - PABLO PICASSO, Femme nue couchée jouant avec un chat, 1964. Nahmad Collection - MICHAEL ARMITAGE #mydressmychoice, 2015, Courtesy White Cube - JULIE CURTISS, Bathsheba, 2021. Al Thani Collection, courtesy White Cube - ROY LICHTENSTEIN, Reflections on Jessica Helms, 1990. Carmignac Collection - Photo Thibaut Chapotot
Comme dans un lieu sacré, pour mieux communier avec le sujet, c’est pieds nus que l’on entre dans l’univers de la fondation Carmignac, éminent lieu d’art contemporain, rose des sables de l’ile enchantée de Porquerolles. Et ce pour un thème qui interroge, la femme maîtresse du monde, matricielle, vierge au 15e siècle pour Sandro Botticelli ou beauté censurée pour Roy Liechtenstein en 1990. Outre ces tableaux majeurs de la collection Carmignac, 60 œuvres mettent en question la manière dont depuis six décennies la femme traverse l’Histoire.
Tantôt poétiques, politiques, ludiques, les artistes déconstruisent l’archétype de la figure féminine. L’imagerie populaire a fixé dans les esprits l’image de Pénélope sacralisant le travail textile en attendant Ulysse. Mais la matérialité a changé les codes, avec des femmes mythiques, fortes, lascives ou fatales. Aux oubliettes désormais, les travaux consacrés à la broderie, macramé, crochet, travail à l’aiguille !
À travers ces soixante dernières années, Infinite woman démontre que la fonction décorative, y compris de la céramique, a laissé place à des œuvres puissantes, iconoclastes. Lee Bul et Alina Szapocznikow métamorphosent les matériaux classiques immémoriaux et extrapolent avec la résine ou le silicone.
D’autres représentations féminines, certaines familières, indépendantes, troublantes, sacrées, nourricières, sont femmes araignées pour Louise Bourgeois, Frida Orupabo. Elles peuvent devenir aussi désirables comme à travers le regard masculin de Pablo Picasso.
Pour cette exposition, une similitude s’est imposée. En effet, selon la légende, à l’origine, Porquerolles était une femme : une princesse métamorphosée en île pour échapper à un terrible assaillant. Sur cette île-femme, la commissaire britannique Alona Pardo interroge avec talent la représentation féminine.
Le travail des artistes présentés offre des femmes tantôt aimantes ou démoniaques, tentatrices ou encore mythiques, loin des représentations féminines traditionnelles. Se réappropriant le désir et le pouvoir sexuel, elles se libèrent des conventions sociales de beauté et imposent même de nouveaux idéaux corporels, telle la guerrière trans pour Martine Guttierez. Quant au vitrail fantastique de Laure Prouvost, il met en scène une pieuvre alanguie qui exprime selon elle la métaphysique de l’existence planétaire, du toucher, de l’intimité et du savoir.
L’égyptienne Ghada Amer dissimule, dans des monceaux de fils colorés, des images et pauses érotiques de femmes dans des poses intimes enfouies dans une forêt ou un étang mythique de Claude Monet à qui l’artiste dédie ce titre Les Grands Nymphéas.
La peinture érotique Glitter Bra de Marlène Dumas évoque les nus célèbres de la peinture dans des poses alanguies. Mais la démarche de l’artiste d’Afrique du Sud est ambigüe, « …je peins des femmes pour les femmes ».
Les jardins de la villa Carmignac s’insèrent dans le parc national de Port-Cros, premier parc terrestre et marin d’Europe, classé espace remarquable. Au sein de ces forêts, vignes et oliviers, le musée de 2000m2 a été construit sur un corps de ferme visible dans le film Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard.
Au centre de l’architecture de ce bâtiment, métamorphosé par l’atelier Barani et l’agence GMMA, un exceptionnel plafond d’eau transparent éclaire les espaces immergés et la lumière zénithale en devient irréelle.
Une quinzaine d’œuvres ou d’installations pérennes, inspirées par l’esprit du lieu, sont aussi à découvrir dans les jardins de la Villa.
Infos pratiques :
The Infinite woman
Villa Carmignac
Île de Porquerolles, Var
Jusqu’au 3 novembre 2024.