Léonie Pondevie - Capturer les empreintes

 

 

Née à Angers en 1996, Léonie Pondevie grandit imprégnée des questions météorologiques liées à l’influence de l’homme sur le territoire qu’il habite et transforme. Son œuvre photographique, documentaire et poétique, témoignant des bouleversements climatiques, suggère une réflexion sensible sur le monde qui l’entoure.

Léonie engage son parcours à l’École Européenne Supérieure des Arts de Bretagne à Lorient, où elle suit un cursus orienté vers le récit et obtient son diplôme en 2020. Sa démarche artistique se construit d’une part grâce à son héritage familial. Elle confie que son père avait pour habitude de relever les températures et la pluviométrie, ce qui lui a donné très tôt conscience des transformations climatiques. Sa pratique, fruit d’une réflexion évolutive autour de l’environnement et du retentissement de l’activité humaine sur le paysage, s’est ainsi forgée autour de ces questions très actuelles désignées par le terme d’anthropisation. D’autre part, son inspiration lui vient également de documentaires, articles, ou actualités, qui sont pour elle la fondation de chacun de ses projets. Quant à ses influences artistiques, Léonie est notamment sensible aux travaux d’Amélie Labourdette, qu’elle a rencontrée durant ses études, sur l’empreinte de l’homme dans le paysage ; ou encore l’œuvre de peintres comme Caspar David Friedrich, dont elle admire le traitement des lumières et les compositions, ou Frederic Edwin Church, représentant avec une précision stupéfiante les phénomènes météorologiques.

À ses débuts, Léonie a participé à la résidence Silmultania à Givors dans le Rhône. Lors de cette expérience, qui a constitué un basculement dans sa pratique, elle a muri un projet dans lequel elle proposait de recréer collectivement un imaginaire pour la réappropriation des territoires contaminés dans la vallée de la chimie. Ayant intégré le Collectif Nouveau Document il y a quelques années, elle a également pris part à des projets communs. L’un d’eux invitait les membres à réfléchir autour de la thématique ‘un futur possible’ et à produire un travail présenté ensuite à travers un web documentaire, conception d’une forme de monstration alternative. Si l’appartenance à un collectif est profitable à l’enrichissement des réflexions de ses membres, Léonie livre constate néanmoins qu’il est important de trouver un équilibre lorsque les énergies de chacun ne sont pas toujours mobilisées en même temps au gré des projets. Pourtant, l’énergie de la jeune artiste a été mise à l’honneur récemment lors des 25e rencontres photographiques de Lorient où la biennale avait pour thème Quand les Nuages se taisent. Un titre poétique en résonance évidente à son travail sur la matière météorologique, lui invoquant l’idée d’un orage à venir, ou au contraire, du calme après la tempête…

Elle a saisi cette opportunité pour exploiter à sa manière la notion de récit en photographie et faire naître un projet nommé un point bleu pâle. Il s’agit d’un écho à une photographie prise par la sonde Voyager 1 de la NASA en 1990, représentant la terre à une distance de 6 milliards de kilomètres. Faisant ainsi dialoguer l’histoire de cette photo emblématique et sa propre production, elle explore la mise en perspective des relations entre l’homme et son univers.

En 2024, l’artiste participera, accompagnée de deux des membres du Collectif Nouveau Document, à un projet d’exposition dans le cadre du « Georges Festival » à Rennes, dans lequel chacun présentera des œuvres en lien avec la notion de limite et de frontière. L’occasion pour les visiteurs de découvrir également des productions réalisées lors d’une précédente résidence itinérante sur le littoral girondin, s’inscrivant dans cette thématique et traitant du recul du trait de côte et de l’érosion.

« Notre planète est une poussière isolée, enveloppée dans la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien ne laisse présager qu’une aide viendra d’ailleurs, pour nous sauver de nous-mêmes » écrivait Carl Sagan dans son livre Pale Blue Dot.

Les photos de Léonie, issues d’une démarche documentaire marquée par la mémoire et l’empreinte humaine sur notre terre fragile, racontent ainsi la menace de l’homme sur les écosystèmes et l’urgence à préserver notre petit coin d’immensité.

Juliette Guillemot

 

Programme Frutescens

Centre Photographique de Rouen

et le programme européen Futures Photography 2024

 

Exposition

INSPE de Bretagne, site de Vannes

du 14 au 27 juin (invitation de l’AAACMV)