La lecture du temps, au Festival International d’art video de Nice

Par Genevieve Roussel4 décembre 2023In Articles, 2023

 

Du concentré d’images pour cette neuvième édition OVNI (Objectif Vidéo Nice), qui s’est déroulée pendant 18 jours, avec une durée identique à celle des Jeux olympiques l’an prochain. C’est dire si l’ampleur de l’événement n’a d’égal que son intensité.

Au programme de monstration de vidéos dans plusieurs hôtels, dont les chambres ont été transformées en lieux artistiques pour l’occasion, s’ajoute un parcours dans différentes institutions et sites culturels de la ville.

« Des choses qui sont parfois accidentellement vraies » telles celles qui sont liées à la cosmologie affirme avec passion Nathalie Amae, directrice artistique d’OVNi et commissaire de l’exposition The whisper of the stars au 109. Une vingtaine d’artistes proposent aux cimaises du bien nommé « Sang neuf », dans la Grande Halle de ces anciens abattoirs situés au 109 route de Turin, leur vision de l’humanité et une promenade immersive sur plusieurs continents. Chacun à sa manière interprète le cosmos, l’histoire de l’Humanité, les enjeux liés à l’environnement. Chaque œuvre nous questionne, nous interpelle sur les bouleversements historiques ou climatiques tel le cataclysme en Sibérie orientale après une déforestation intense par l’usage de bombes nucléaires ou l’effet de retenues d’eau pour les mines de diamant…

La poésie n’est pas absente, telle l’histoire d’une jeune chamane accomplissant un rite afin de créer des constellations pour sauver son peuple du froid de la nuit. A moins 40°, la parole humaine et le souffle de la Terre bruissent dans l’air. Ils se cristallisent, restent en suspens. Lorsqu’ils touchent le sol, un tintement se fait entendre que les Yakutes nomment « Le murmure des étoiles ». Au-delà de 50°, un rugissement apparenté au son spirituel fait entendre le bruit du silence.

Comme s’il découvrait la lune, avec Space walk l’artiste Les Levine se déplace dans son espace personnel muni d’une caméra explorant les objets de son quotidien, une bande sonore accompagne cette sortie dans l’espace, clin d’oeil et humour en référence à la mission Apollo 11.

Virandres Hera dans l’œuvre The afterlife, le Verbe naît et engendre le cosmos, après invocation de divinités, créant l’harmonie dans un jeu entre microscopique et macroscopique.

Manuela Marques, invité d’honneur, propose 3 films dont Vortex, un impressionnant phénomène météorologique dû à la circulation du vent dans un paysage volcanique, et Girouette qui à partir de sa fonction d’origine devient capteur et révélateur d’éléments invisibles par la force cosmique et métaphysique du vent. Avec Feu l’artiste montre comment la consommation lente d’un tronc d’arbre au sein d’une métropole indienne marque les esprits par sa symbolique cosmique (affiche de l’expo Ovni).

Ana Elena Tejera, avec Las paredes saben, décrit l’existence sans commencement ni fin par le biais d’une danse hallucinée et hypnotique, mandala au motif de rose des sables.

Subodh Gupta, dans All things are inside, filme d’un côté des travailleurs migrants se dirigeant avec leur bagage vers le Moyen Orient, de l’autre des bagages cette fois en vedette version Bollywood.

Janet Biggs, avec une éclipse solaire totale en Antarctique, nous interroge sur l’influence de ce phénomène sur nos vies.

D’autres variations d’oeuvres vidéo murmurent un langage des mondes visibles et invisibles et ses transformations.

Ce bruit du silence se prolonge en hors des murs à la Grotte du Lazaret, de la Préhistoire à nos jours… L’intelligence artificielle prend ici le relais après la collecte de milliers d’images des peintures issues de la grotte Chauvet. Apparaissent des griffes d’ours, des traits humains qui interagissent avec la géologie de la grotte du Lazaret. La bande son (bruits de neurones enregistrés lors d’une intervention chirurgicale du cerveau) accompagne la projection de l’œuvre imaginée par Justine Emard.

 

9e édition Festival international d’art video OVNi à Nice

Du 17/11 au 3/12