Dans le prolongement de ses recherches sur l’engagement pour l’art des mairies communistes, Henri Guette, critique et commissaire d’exposition indépendant, invité par la galerie municipale Jean-Collet à Vitry-sur-Seine, propose à l’occasion de cette date anniversaire l’exposition Aller Voir et Laisser Passer.
Il s’est livré à une relecture des 450 œuvres graphiques et photographiques de la collection, aujourd’hui conservées au MAC VAL, la Ville et le Département ayant imaginé un projet de musée du dessin contemporain qui a jeté les bases du futur musée d’art contemporain. En plus d’une commande ambitieuse d’œuvres dans l’espace public qui préfigure le dispositif récent « Un immeuble une œuvre », la galerie municipale expose chaque année les associations d’amateurs. Un dynamisme ancré dans une vision démocratique de l’art porté par des personnalités fortes comme Serge Guillou, conseiller aux arts visuels de Vitry auprès de l’adjoint à la culture Jean Collet et à l’origine du Prix de peinture Novembre à Vitry ou et Catherine Viollet, peintre qui dirigea la galerie pendant 23 ans en contribuant à la création active de son fonds.
A partir d’une sélection d’une cinquantaine d’œuvres, Henri Guette souhaite retrouver l’esprit de départ et inscrire cette histoire au présent. Le titre renvoie au terme utilisé par les conservateurs pour évoquer une visite dans les réserves dans le but éventuel de sortir une œuvre.
Si le premier étage est consacré aux amateurs et amatrices, le rez-de-chaussée tisse des correspondances formelles, des filiations, des parentés des années 1960 à nos jours. Les échanges avec l’international dans le cadre du jumelage de la ville avec Kladno en Tchéquie et le soutien à différents pays d’Amérique latine ainsi que la visibilité des femmes, encouragée par Catherine Viollet, sont au cœur des enjeux de cet accrochage.
Henri Guette a également invité un certain nombre d’artistes contemporains tels que Aurore Le Duc, lauréate en 2022 du Prix Jean Collet à un artiste performeur, qui imagine une conférence performée. Elle établit un parallèle entre le monde des célébrités et celui des collectionneurs d’art qui affichent certains comportements vis-à-vis de la réussite et ses faire-valoir. Des mécanismes de visibilité qui soulignent la nécessité de collections publiques par ailleurs inaliénables en France.
En écho à l’affiche initialement créée par Jean Messagier en 1982 pour l’inauguration de la galerie, l’artiste Louise Aleksiejew a été retenue pour son jeu de couleurs et d’espace mental à investir. Isabelle Ferreira, dans le cadre d’une commande publique dans le nouveau quartier Rouget-de-Lisle, s’inscrit aux confins de la sculpture, de la peinture et de l’architecture. Catherine Viollet, seule femme rattachée au mouvement de la Figuration Libre, revisite l’héritage de Maillol sur des supports textiles avec sa série La trêve des héroïnes. Dorothée Selz, qui défend un art comestible, est intervenue à plusieurs reprises pour la Ville à la suite du Prix Novembre à Vitry, tandis que Anne Deguelle revient sur l’histoire même de la galerie, des anciens bains douches qu’elle pare d’une nouvelle mythologie.
Infos :
Prix Novembre à Vitry, 55ème édition
Du 18 novembre au 21 janvier 2024
Galerie municipale Jean-Collet
59, av. Guy-Môquet, Vitry-sur-Seine
