Paris Photo – Entretien avec Florence Bourgeois

Par Marie de La Fresnaye30 septembre 2022In Articles, 2022, Revue #29

 

 

Leader mondial des foires dédiées à la photographie, la 25ème édition de Paris Photo rassemble 183 exposants (galeries et éditeurs) venus de 31 pays, du 10 au 13 novembre au Grand Palais Éphémère. En plus d’une large programmation proposant 24 solo et 14 duo shows, des conversations et des signatures d’artistes, le secteur Curiosa se concentre cette année sur l’interdisciplinarité. Florence Bourgeois, directrice de la foire et à l’origine du programme « Elles x Paris Photo » autour de la visibilité des femmes photographes, se félicite des avancées en ce domaine et aborde avec enthousiasme et sérénité l’édition 2022 qui signe un retour quasi à la normale pour le secteur. A noter que la comédienne aux multiples facettes, Rossy de Palma, est l’invitée d’honneur de Paris Photo 2022.

Quelles tendances se dégagent de cette édition ?

En dehors de la photographie historique et de la représentation des scènes nationales (école d’Helsinki, photographie japonaise ou avant-garde d’Europe centrale), on peut dégager quelques thématiques autour du corps et de l’identité, une photographie engagée, documentaire et politique, ou traitant des mutations écologiques, ou encore de l’image transformée qui nous séduit par son unicité.

La visibilité des femmes photographes est au cœur de vos préoccupations, comment cela se traduit-il ?

Lorsque nous avons créé « Elles x Paris Photo » il y a 5 ans en partenariat avec le Ministère de la Culture, la représentativité des artistes femmes était de 20% sur la foire. Elle est aujourd’hui d’un tiers, grâce à l’engagement de tous, des galeries en premier lieu, qui ont bénéficié d’une visibilité particulière sur un parcours dédié, mais aussi d’un.e commissaire qui a transmis un regard et une sensibilité particulière. Kering/Women in Motion soutient ce programme avec vigueur et en cohérence avec ses autres engagements, à Arles comme à Cannes. « Elles x Paris Photo » est largement relayé par un ensemble d’acteurs engagés sur le long terme.

Quelle est la répartition entre galeries françaises et internationales ?

Nous avons cette année 134 galeries dans le secteur principal, dont 41 galeries françaises, 24 américaines, 16 allemandes, 8 anglaises, ce qui représente une couverture internationale de 70%. Sur Curiosa, 81% des galeries présentant un solo show sont internationales, et quant aux éditeurs 13 d’entre eux sont français, ce qui laisse 2/3 des stands aux éditeurs internationaux.

Holly Roussell est la commissaire invitée du secteur Curiosa : en quoi son regard vous inspire-t-il ?

Holly Roussell est commissaire au Centre d’art contemporain UCCA de Beijing. Elle a beaucoup travaillé en Asie et apporte un regard différent autour de la mise en lumière de l’interdisciplinarité des pratiques artistiques basées sur l’image ainsi que les explorations photographiques dans et au-delà des genres traditionnels du médium. Sa section est basée autour de trois axes : les approches expérimentales et conceptuelles de la construction de l’image, les nouveaux (auto)portraits interrogeant l’histoire personnelle et l’intersectionnalité, et les pratiques actuelles de la photographie de paysage.

Federica Chiocchetti préside cette année aux choix de « Elles x Paris Photo », quelle est la genèse de cette invitation ?

Nous avions commencé à travailler avec Federica en 2020 avant que l’édition ne soit annulée pour cause de pandémie. Federica est écrivaine, commissaire d’expositions, éditrice et conférencière spécialisée en photographie et littérature, historique et contemporaine, elle a travaillé avec des musées internationaux, des collections privées, et ses recherches sur les femmes dans la photographie ont été présentées sous de multiples formes. C’est une personnalité internationale qui apporte son regard, complémentaire de nos précédentes commissaires et enrichissant pour la foire, tout en associant les éditeurs à son parcours pour la première fois cette année.

Peut-on parler d’un retour à la normale pour le secteur après la période perturbée par la pandémie ? 

 

Absolument, et cela se traduit notamment par le retour des galeries américaines. La situation reste toutefois encore tendue pour l’Asie, et l’augmentation drastique des coûts de transport est un frein pour certains exposants. Paris bénéficie de surcroît d’une énergie considérable grâce à la présence des institutions muséales, fondations, et des galeries internationales qui continuent à venir s’y implanter. Ce phénomène bénéficie à l’ensemble de l’écosystème, et permet à nos visiteurs venant de l’étranger d’optimiser leur séjour grâce à des propositions complémentaires en ville, relayées via notre programme « A Paris pendant Paris Photo » qui attire toujours plus les passionnés et curieux.


INFOS :

Paris Photo

du 10 au 13 novembre

Grand Palais Ephémère

Place Joffre, Paris 7e