Né en 1986 à Bogotá, diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2016. Il vit et travaille à Paris.
Un chant d’oiseau semble provenir d’un gymnase, où une chevelure se fait patiemment natter par deux paires de mains appliquées. Une gestuelle intime de la camaraderie apparaît à l’écran. Quelques minutes plus tard, sur un registre musical plus vocal et métallisé, de jeunes têtes reposent à même le parquet, partageant une sieste collective. Lagoon (2021) est un défi qu’Andrés Baron relève : partir des rêves pour écrire collectivement un script sans le moindre mot. Le film, à la composition sonore aussi expérimentale que sa narration sans paroles, cherche à « s’éloigner des formes verbales ». Un collège aux abords de Paris devient scène de tournage : l’artiste y co-réalise un court-métrage avec les élèves. Le projet, initié par le programme « Culture(s) de demain » de l’ADAGP et mis en œuvre par LE BAL et La Fabrique du Regard, développe une pédagogie à double sens, où l’artiste apprend autant que son équipe de production. Empruntant au « happening » sa brièveté et aux songes leur intensité, cette rencontre valorise l’écoute des imaginaires inconscients, sonde le rêve comme déclencheur d’actions quotidiennes – collectives même.
L’exploration synesthésique captive l’artiste colombien. Elle se retrouve notamment dans les jeux de miroirs de Portals (2020) – là aussi une collaboration avec les enfants d’un centre de loisir. Son travail de l’image commence avec le portrait photographique, qui lui offre un espace de rencontre, le lance dans la recherche du mouvement comme langage silencieux. Transition cinématographique, Baron filme désormais en 16mm. Si le médium lui permet d’articuler de nouveaux vocabulaires, une linguistique propre aux gestes, ce sont davantage les intersections que l’artiste recherche. Les pratiques se croisent et favorisent les collaborations – comme avec le groupe Dreamcrusher dont on identifie les morceaux non-conformistes dans Lagoon ou Grammars (2021).
Le registre sonore et sa propension à la « communication non-verbale »[1] occupent une place importante dans son travail. Dans le cadre d’un partenariat de la Fondation d’entreprise Hermès avec le centre d’art Le Vent des Forêts, sa récente exposition à La Grande Place, Musée du Cristal Saint-Louis, prend d’ailleurs pour titre une onomatopée : Cling Cling Boum (2022). Dans ses films, il puise dans un répertoire de sons variés, où bandes musicales et « field recordings » se succèdent, comme en écho aux rêves superposant scènes et idées. Le son transcende les frontières liminales. Il est pour Baron une métaphore de la migration, accompagnant les mobilités humaines et culturelles.
[1] Référence aux compositions collectives de Pauline Oliveros. Martha Mockus, Sounding Out (New York : Routledge, 2007).
