Des paysages oniriques à la Fondation Bullukian
L’exposition Oniric landscapes à la fondation Bullukian, sous le commissariat de Fanny Robin, la directrice artistique du lieu, réunit quatre artistes autour des notions de paysage, de rêve et d’intangible. Dans un parcours qui invite à la déambulation, les œuvres de Charlotte Denamur, Frédéric Khodja, Christian Lhopital et Vanessa Fanuele confrontent paysages naturels et mondes intérieurs d’où émergent d’étranges visions.
Bien que chaque artiste ait un espace dédié dans les deux lieux de la Fondation, l’accrochage a été pensé pour que des glissements s’opèrent d’un univers à un autre et que le regard ricoche. Dès l’entrée, les séries à l’huile et au pastel de Frédéric Khodja diluent les limites des espaces intérieurs et des étendues extérieures pour mieux déjouer la perception du « déjà vu ». Qu’elles soient aux dimensions d’une carte postale ou en plus grand format, ces représentations paraissent familières, remonter d’une mémoire lointaine.
Le trouble est d’une autre nature devant les peintures de Vanessa Fanuele. D’emblée, son univers s’impose comme à part, étrange, inquiétant voire menaçant. Cependant, une grande sensorialité se dégage des toiles, un parfum suave et sensuel. Les teintes viennent chatoyer le fond de l’œil, réveiller des émotions enfouies. Éclats sauvages, un grand polyptique de plus de 4m50 de long en six panneaux interchangeables, composé de troncs et de branches suggérant un paysage sauvage, traduit un état d’instabilité et le flou hypnotique d’une réalité mouvante. Dans l’espace central, à même le sol, l’installation circulaire Dopo la selva est une libre interprétation du Chant 1 de la Divine Comédie de Dante. L’artiste l’a imaginée après le premier confinement. Branchages, feuilles d’arbres, petites sculptures, morceaux de corps et d’os en porcelaine, fragments de paysages peints, l’ensemble évoque une nature fragile et archéologique.
Si Vanessa Fanuele met le visiteur à la lisière d’un monde déjà passé, Christian Lhopital l’entraîne dans le mouvement de ses visions fantasmées. Se déployant sur plusieurs murs, réalisé in situ, Trajectoire du rêve est un grand dessin en noir et blanc, à la poudre de graphite, où s’enchevêtrent figures anthropomorphiques et paysages tumultueux, sans début ni fin. A l’opposé, Paysage gelé, une œuvre plus ancienne, apparaît repliée sur soi, comme un noyau noueux et introverti.
L’atmosphère change radicalement dans le deuxième espace d’exposition avec les œuvres textiles teintées de Charlotte Denamur. Selon l’heure et la lumière, les toiles suspendues aux fenêtres modulent l’espace de variations chromatiques, évanescentes, aux impressions de lever ou de soleil couchant. Pour accompagner ce temps de flottement, l’artiste a réalisé des œuvres sur des taies d’oreiller. Entre assoupissement ou profond sommeil, une invitation à s’extraire de la réalité ?
Devant les oniric landscapes, l’esprit se laisse aller et dérive entre des mondes aux contours insaisissables et magnétiques.
INFOS :
Oniric Landscapes
jusqu’au 16 juillet 2022
FONDATION BULLUKIAN
26, place Bellecour 69002 Lyon