Caroline Corbasson : Ellipse
Le télescopage des échelles, le vertige de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, la puissance des observatoires optiques et l’ambivalence de la perception font partie des obsessions de Caroline Corbasson. Depuis sa première exposition personnelle à la Galerie Monteverità en 2017, elle pressentait l’émergence du film, un medium qu’elle pratique de façon intuitive.
Cette prescience se confirme à la Maréchalerie qu’elle transforme en une vaste caisse de résonance visuelle et sonore autour de l’ensemble de ses travaux vidéo. Dès l’entrée, le spectateur est plongé dans un état contemplatif face au défilement continu des images animées. Puis, dans un deuxième espace, Prism convoque le vivant à travers un extrêmophile, organisme capable de vivre dans des conditions extrêmes dont elle projette les contours à travers les parois d’un instrument optique ancien. La question de la perception est de nouveau convoquée par ce phénomène de la dispersion de la lumière, comme une aurore boréale.
Les films récents Shutter, Worlds, Wind ont été conçus spécialement pour l’occasion en collaboration avec le musicien Pierre Rousseau qui a imaginé la bande-son de l’exposition. Shutter c’est l’obturateur de l’appareil photo et un instrument optique formant un motif que l’on voit à l’écran s’ouvrir et se fermer jusqu’à devenir une sorte de balayage abstrait.
Dans Worlds, ce sont des billes filmées dans un laboratoire, des petites choses toutes simples qui se transforment en des mondes insondés. Wind est constitué des rushs d’Atacama, film tourné en plein désert au Chili en 2017 au milieu de ce territoire vierge et lointain où est installé l’Observatoire Paranal aux technologies les plus pointues. Un élément déclencheur de son parcours, « un vrai défi à l’époque » selon l’artiste.
D’autres expériences, toujours liées à la recherche scientifique, ont enrichi son travail, comme l’observation de la lune à l’échelle microscopique. Une quête infinie aux confins des origines qu’elle nourrit d’une banque d’images en continu, recherches qu’elle a élargies depuis peu à la botanique, au cours de ses collectes pendant le confinement dans un parc naturel des Cévennes, gigantesque réserve de ciel étoilé. Si la botanique rejoint l’astrophysique, comme elle le souligne, il est toujours question de la place de l’homme dans l’univers, entre un tourbillon de poussière, un fragment lunaire ou une infinitésimale déflagration de la matière…
Infos pratiques:
Ellipse, Caroline Corbasson
jusqu’au 13 décembre 2020
La Maréchalerie, centre d’art contemporain
5 Avenue de Sceaux, Versailles