« Le vent se lève » au MAC VAL
« Le vent se lève » au MAC VAL
Agnès Varda, La mer immense et la petite mer immense, détail, 2003. Impression numérique couleur sur toile polyester et tirage argentique, son, 280 × 500 cm (La mer immense) ; 34 × 60 cm (La petite mer immense). Collection MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. © Agnès Varda. Photo © André Morin.
Parcours d’une collection, vers un retour à la terre et à nos relations aux éléments.
Dans une époque où la biodiversité est fragilisée, nous ressentons le désir et le besoin de nous reconnecter à la terre. Le thème de l’écologie et de notre relation au paysage ne s’est jamais tant fait sentir qu’actuellement. Ces enjeux incitent de plus en plus d’artistes à expérimenter sur place, à sonder le sol et à convoquer les différentes dimensions temporelles de l’Homme et de la Nature.
Avec cette nouvelle exposition, la directrice du MAC VAL, Alexia Fabre, accompagnée par Anne-Laure Flacelière Ingrid Jurzak et Florence Gravereau, réunit des œuvres de la collection permanente dans un parcours riche de sens qui nous convie à prendre conscience des relations que nous entretenons avec la Terre. « Le MAC VAL, comme bien d’autres musées, place au cœur de ses projets cette notion de biodiversité, de réflexion sur la production, sur le recyclage (conservation des matériaux techniques, des cimaises…), et le réemploi » explique Alexia Fabre. « Avec la complicité de l’équipe de muséographes bGc, nous avons imaginé un parcours dans le temps. Il s’agissait de montrer la grande disparité entre le temps long de la Terre avant l’apparition de l’homme, avec des œuvres qui renvoient à la géologie, et le temps très court qu’est celui de l’humanité, un temps ‘chimique’ où l’homme intervient et transforme, tel un apprenti sorcier, ce bien commun. »
L’œuvre Matière noire d’Evariste Richer introduit une dimension scientifique et cosmique. Elle donne à voir la structure chimique d’une molécule de graphite au format XXL. Certains artistes pratiquent la marche, les relevés, et témoignent de leur exploration. L’exposition est construite autour de l’œuvre Desire lines de Tatiana Trouvé, qui restitue une série de trajets reprenant toutes les routes et chemins traversant Central Park.
Les artistes redonnent également une certaine noblesse à la Nature en proposant une réflexion sur les soins à lui apporter. Retour sauvage de Laurent Pernot fait écho à la fragilité du végétal et met en lumière le cycle des arbres.
L’installation Mur de pellicules vert de Michel Blazy évolue dans le temps et exprime la déliquescence des éléments naturels. Les œuvres de Roman Moriceau renvoient à une nature sauvage et exotique, fabriquée et entretenue par l’homme. D’autres dévoilent les matériaux qu’ils ont recueillis, et mettent en évidence les particularités d’un territoire. Et certains nous donnent leur point de vue sur une nature merveilleuse à préserver. Ainsi la vidéo Présage 23.02.2013, 23 h 38 d’Hicham Berrada invite à se laisser porter par les flux de matières colorées.
Les relations que nous entretenons avec la nature sont paradoxales, tenant autant de l’admiration que d’une trop grande emprise. Il s’agit donc pour les créateurs de rendre compte de leur sensibilité et solliciter notre engagement critique envers les changements que subissent nos paysages. Certaines œuvres proposent des expériences esthétiques semblables à celles qu’on pourrait ressentir dans des milieux dits « naturels ». L’installation sonore Acouskarstic de Charlotte Charbonnel est un exemple de la restitution d’une grotte. L’exploration et le cheminement sont au cœur de l’exposition. Au fur et à mesure de la déambulation se perçoivent différents temps qui révèlent les écarts de relations entre l’homme et son environnement. Le parcours se clôt sur des œuvres qui rendent compte d’une inspection physique de paysages et de la difficulté parfois de les arpenter, comme avec Mirela Popa qui évoque les contraintes rencontrées lors d’une traversée de montagne frontière. Ce paysage est celui de la naissance du Romantisme en Europe où l’homme était confronté à son immensité.
Cet accrochage renvoie à des problématiques actuelles et à l’importance de se rapprocher de la Nature. « Le musée est construit sur une ancienne pépinière (les Pépinières Ponthieu) qui a ensuite été remplacée par des jardins communautaires. Aujourd’hui, c’est un parc public qui accueille visiteurs et habitants voisins. C’est dire le besoin de nature. Vitry-sur-Seine, avant de devenir une ville ouvrière, était « à la campagne », comme le raconte Zola qui aimait y venir avant de lui préférer la Normandie.
« La nature, transformée par l’homme, devient paysage, et ces paysages sont en changement permanent » ajoute Alexia Fabre.
La visite nous incite également à penser l’histoire de l’implantation du musée en Val-de-Marne ainsi qu’à son développement, avec l’arrivée du Grand Paris Express qui bouleverse toute l’urbanisation du département.
Une Nature mise à l’honneur par des artistes qui se penchent sur le passé des lieux, leurs particularités morphologiques et la trace des éléments.
Infos pratiques:
Le vent se lève
MACVAL
Place de la Libération,Vitry-sur-Seine
Jusqu’en janvier 2022
Exposition interrompue