Mireille Blanc : Flash-back
Mireille Blanc, née en 1985 et diplômée des Beaux-Arts de Paris, présente deux solo shows à l’Espace d’art contemporain Camille Lambert et à la Galerie Anne-Sarah Bénichou, où elle expose des œuvres plus ou moins récentes qui marquent son intérêt pour une peinture veloutée explorant l’archive photographique à travers l’intimité des objets.
L’ensemble pictural de Mireille Blanc tire les objets du quotidien vers l’abstraction. À partir de photographies prises ou glanées, l’artiste effectue un travail de composition et de cadrage plaçant les protagonistes sur un premier plan qui gomme les détails nécessaires à leur totale appréhension : le visible se dérobe dans une figuration abstraite. Débarrassés de toute narrativité, les sujets de prédilection (pull, gâteau, bibelot) deviennent des motifs informes où s’épanouissent les effets de matière. La banalité de l’objet est transcendée par la peinture qui fait du gâteau sédimenté son double haptique et gustatif.
Aucun doute dès lors sur la dimension picturale de l’œuvre qui joue pourtant sur la lumière propre au médium photographique. L’artiste ne peint pas d’après photographie mais l’image photographique elle-même. Scénique, fulgurant, l’objet est pris en flagrant délit dans son placement quasi cinématographique. À la fois kitsch et désuet, il s’offre à la lumière directe et artificielle, comme sous les projecteurs. Cette exposition brève et instantanée d’objets pour autant inanimés, donne à ces derniers l’aura du souvenir dans une brume rétro.
Mireille Blanc exploite dans ces sujets génériques l’esthétique nostalgique d’un passé perçu comme commun découvert dans des archives partagées par chacun, ce qui se retrouve dans ses titres (Cabane, Edifice, Sweat). La patine blanchâtre trempe les images dans un halo diaphane faisant osciller le souvenir entre apparition et effacement. Déjà vues mais étrangères, ces saynètes délavées restent intactes, comme le flash blanc qui sert, précisément, à traduire le flash-back au cinéma. Distillés au filtre du passé, les objets fantômes fascinent Mireille Blanc qui cherche à révéler toute l’étrangeté de ce qui appartient au quotidien. Si la figure humaine est absente, ces objets conservent la trace du corps : une présence dans l’absence.
Infos pratiques:
Album, Mireille Blanc
du 7 novembre au 19 décembre
Espace d’art contemporain Camille Lambert
35, avenue de la Terrasse, Juvisy-sur-Orge
Kinder coquillages, Mireille Blanc
du 5 novembre à fin décembre
Galerie Anne-Sarah Bénichou
45 rue Chapon, Paris 3e
3 Place Jean-Grandel, Gennevilliers