Constance Nouvel : Les possibles de l’image

Par Sylvie Fontaine4 janvier 2016In Articles, Revue #12

 

La vidéo « Découvrements » réalisée en 2008, où l’artiste creuse l’image au propre et au figuré, reste probablement l’élément déclencheur de ses œuvres à venir. Elle y découpe et décolle successivement les papiers peints d’une maison laissant apparaître les strates de l’histoire. «Je n’ai pas de sujet ou thème de prédilection. Oublier le motif, ce qui compte c’est le mode opératoire » assure-t-elle.

Afin d’explorer les mystères et les possibles du medium dans son rapport au réel, Constance Nouvel en reprend les différents constituants : cadre, format, échelle, support, profondeur de champs, charte des couleurs…

Lors de son exposition aux Beaux-Arts en 2011, le spectateur était immergé dans l’œuvre « Translations/transferts » qui se désolidarisait du mur en se prolongeant sur le sol.  Avec « Bascule », la photographie déborde du cadre et l’espace réel cède à l’espace suggéré dans une bascule du concret vers l’abstrait où le plafond de l’atelier devient une image évoquant un possible bord de mer. Dans un rapprochement avec la sculpture, la photographie se construit aussi en volume avec la série des « Persistants » devenus de fait œuvres uniques et où la forme découle de l’image. Où commence l’objet et où finit l’image ?

Le motif de la grille apparaît de façon récurrente tout au long de son travail de façon directe ou suggérée. Le langage du dessin s’ajoute alors à celui de la photographie. Dans la série des « Décors », l’image est fixée sur aluminium, et le quadrillage gravé ajoute une profondeur supplémentaire et introduit une perspective figurant un espace mental, un hors-champ. Dans les « Incidences », des feuilles de papier sont pliées, dépliées, photographiées. Puis les photographies sont elles-mêmes repliées plusieurs fois, laissant apparaître les traces de ces manipulations successives dans une quête inlassable des limites de la photographie. Enfin les « Filigranes », où sur un fond noir flotte une grille libre et colorée, traitent du rapport à la pictorialité et à l’abstraction. Les lignes réagissent différemment selon les filtres de couleur utilisés, et avec une force expressive de séduction les clichés réinventent le fond, la forme et la couleur.

Au travers d’images atemporelles et poétiques, incitant à la rêverie, Constance Nouvel nous force à une douce prise de conscience et une analyse critique où chaque œuvre se veut manifeste d’une notion. Un univers à découvrir sans plus attendre lors de sa première exposition personnelle en galerie et à la Biennale de la Jeune Création à Houilles !

 


Infos :

Biennale de la Jeune Création
La Graineterie Centre d’art de la ville de
Houilles
27 rue Gabriel Péri, Houilles
du 2 avril au 28 mai

Galerie In Situ Fabienne Leclerc
19 rue Michel Le Comte Paris 3è
du 23 janvier au 12 mars