Clément Cogitore, Fictions
Issu de l’Ecole du Fresnoy, après des études aux Arts décoratifs de Strasbourg, Clément Cogitore a été le lauréat du salon de Montrouge en 2011.
Ce « créateur d’images » présente une œuvre polymorphe constituée de films de fiction, d’installations photographiques, de vidéos et de performances…En réalité, il mène une réflexion sur le processus de la création et questionne les modalités de cohabitation des hommes avec les images. Parmi les thèmes récurrents on retrouve, la question du sacré avec de nombreuses références à la peinture religieuse mais aussi des emprunts d’images déversées par les médias, le rapport au rituel évoqué dans les divers rassemblements au cours de l’histoire.
Pour lui, « fabriquer des images c’est parler avec les esprits… ». Il voue une grande admiration pour Robert Bresson qui reste pour lui le maître de la « sacralisation du quotidien ».
La frontière, géographique ou morale, entre visible et invisible, entre réel et irréel apparaît constamment dans ses œuvres. Enfin le feu est une autre constante dans son travail puisque pour lui « tout a commencé autour du feu lorsque les premiers hommes racontaient les histoires et leurs ombres étaient projetées sur les parois des grottes… » Il donne a voir des atmosphères étranges et utilise le clair obscur pour ne dévoiler qu’une partie de la scène et ainsi préserver le mystère afin de permettre a chacun de construire sa propre narration. Dans ses images, trouvées ou inventées, règne une constante ambigüité de par la richesse des points de vue, des références diverses et de la complexité des entrecroisements entre fiction et réalité.
Si la photographie nécessite une mise en scène importante car se doit de prolonger la problématique évoquée dans ses films, la vidéo lui permet d’expérimenter avec plus de spontanéité.
Invité par le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, l’artiste présente des vidéos et de grandes photographies dans un nouveau dispositif sous forme d’installations. Sa fascination pour l’iconographie religieuse italienne- exacerbée suite à sa résidence à la villa Médicis- est perceptible dans « Annonciation ». Le rituel transparait dans « La caverne » et sa dernière production « Elégies » où le hors champ prend toute son importance. Enfin l’ambigüité d’une lecture à plusieurs niveaux se retrouve dans la photographie « Le Chevalier Noir » où le personnage représenté emprunte à plusieurs époques distinctes.
Une plongée dans ce monde d’images magiques et quelque peu mystiques, bien que fortement ancrées dans notre quotidien, et où le son est un vecteur supplémentaire d’émotions, permettra à chaque spectateur de créer sa propre fiction.
INFOS:
Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg
1, place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
jusqu’au 21 septembre