Fabien Léaustic : du plancton aux étoiles
Fabien Léaustic est porteur et créateur de sens nouveaux, par la confrontation et l’osmose entre l’esthétique issue de l’histoire des sciences (les solides de Platon, par exemple) et celle de la technologie récente (le laser).
Il met en lumière des propriétés inhérentes à la matière dans tous ses états, en zone de turbulence, zones que l’on retrouve aussi bien au fond de la mer, dans un verre d’eau, ou au plus profond de l’univers.
C’est un artiste qui interroge les zones d’ombre de la connaissance.
Il nous rappelle que tout est nature, que la nature est partout, jusque dans nos ordinateurs, fabriqués avec des matériaux naturels.
Dans son atelier de Saint Denis, il me fait une démonstration étonnante : un aquarium rempli d’eau, du gros sel versé dans le fond. Un petit laser de sa fabrication dirigé à travers l’aquarium projette contre le mur l’image de ces remous que crée la différence de salinité. Comme un film, hypnotique, toujours renouvelé, de formes dont il me dit que la science ne sait pas les prévoir. Aucun modèle ne prévaut ici, laissant la place à l’art et à l’imagination. Des montagnes, des fleuves, des fonds marins, des éruptions solaires… : là se créent des images, des références universelles. Images que l’on retrouve, à l’identique, avec d’autres matières : dans la rencontre air chaud contre air froid, par exemple, mais aussi au sein du cosmos.
A travers ces vibrations de la matière, Fabien Léaustic retrouve la cohérence de l’univers.
Pour Jeune Création 2014, il montrait au Centquatre deux pièces.
Dans le noir interstellaire apparaissaient deux installations “vivantes” :
– Artémia, “Chorégraphies naturelles, vivantes et vraies : une manière de ballet d’Artémias », ces petits crustacés faisant partie du zooplancton (et dont on nourrit les poissons d’aquarium) – ballet révélé par la lumière.
– Orbite 0.3 présente un système (finalement simple) qu’il décrit de la façon suivante : “Une comète en fusion, explosant à chaque instant évolue devant nos yeux. Celle-ci laisse derrière elle la marque de son passage par impression photosensible. Le volume de l’orbite se dessine petit à petit et nous permet d’entrevoir l’organisation implicite de sa trajectoire. Malgré que l’on constate un cycle de son cheminement il n’est jamais véritablement le même. Le volume qui se dessine est en constante mutation.”
Un artiste à suivre, absolument !
INFOS :
Vitrine du centre d’art contemporain Les
Brasseurs
rue du Pont 26/28, Liège (Belgique)
du 31 janvier au 14 mars