Cristina Iglesias au musée de Grenoble
L’artiste espagnole Cristina Iglesias, qui s’est imposée dans le paysage international de la sculpture depuis les années 90, reste peu connue du public français. L’importante exposition du musée de Grenoble comble cette lacune à partir d’un parcours conçu autour d’œuvres de ces 15 dernières années. Un parcours autant à vivre qu’à voir, alterne réalisations monumentales et créations plus intimistes. A partir de matériaux industriels (ciment, fer, aluminium), naturels (bambous, feuillages) ou hybrides (cristal, albâtre, cire, patine) elle invite le spectateur à déambuler autour de ces sculptures autonomes ou les traverser, jouant sur l’illusion de profondeur et gommant la distinction entre environnement naturel et espace construit. «Des espaces qui parlent d’autres espaces », thème récurrent de sa pratique, tout comme l’eau, autre fil conducteur de l’exposition. Claustras, murs-écrans, bruissements de l’eau qui s’écoule, visions sous-marines chimériques, vues photographiques ou sérigraphies d’espaces imaginaires, autant de pièges tendus au regardeur, sur lesquels se projettent de subtils jeux d’ombre et lumière. Des faux-semblants qui ouvrent sur le labyrinthe de la « Chambre végétale« , la vaste installation des « Jalousies » et au final, le « Pavillon de Cristal« , espace féérique dont la séduction première se révèle vite anxiogène. Ces entre-deux silencieux et éphémères, protecteurs et maléfiques inspirent des sentiments mitigés, comme si l’on se retrouvait face à une impasse. A la limite entre l’ornementation et la représentation, ces espaces d’une grande force poétique questionnent les fondements de notre relation au naturel. Des tempêtes silencieuses dont on ressort différents.
Par Marie de La Fresnaye
Infos :
Musée de Grenoble,
5, place Lavalette, Grenoble (38)
jusqu’au 31 juillet 2016