PRIX MARCEL DUCHAMP 2018

Par Sylvie Fontaine19 octobre 2018In Articles, 2018, Revue #20

Pour sa 18ème édition, le Prix Marcel Duchamp créé en 2000 par l’ADIAF – Association pour la diffusion internationale de l’art français – et organisé dès l’origine en partenariat avec le Centre Pompidou, dévoile les propositions des quatre finalistes Mohamed Bourouissa, Clément Cogitore, Thu Van Tran et Marie Voignier au travers d’une exposition collective sur un commissariat de Marcella Lista, conservatrice au musée national d’art moderne.

En effet chaque année, les quatre artistes sélectionnés par un comité constitué de collectionneurs, choisissent un critique ou historien de l’art pour les représenter devant un jury d’experts qui nommera le lauréat. L’exposition des quatre nommés permet de donner à la scène française une visibilité accrue à l’international en sélectionnant des artistes représentatifs d’une génération. Pour cette nouvelle édition, force est de constater la stricte parité des choix et une prédilection pour l’image –photographie, film documentaire ou fictionnel, vidéo-  avec des préoccupations communes telles que « repenser le récit à l’heure de la saturation médiatique » et les questions identitaires.

Mohamed Bourouissa, artiste franco-algérien né en 1978, favorise l’échange et la rencontre des mondes. Chaque œuvre fait suite à une aventure fédératrice avec différentes communautés, à l’aide d’un protocole spécifique, et se déploie au travers de multiples mediums parfaitement maitrisés. L’artiste parvient à établir un dialogue entre culture traditionnelle et urbaine et place l’humain au cœur du propos dans une réflexion sur le territoire, le pouvoir et les stéréotypes et référents culturels.

Clément Cogitore, né en 1983, présente une œuvre semi-fictionnelle constituée de films et installations photographiques où la notion de frontière, géographique ou morale, entre visible et invisible, réel et irréel, est récurrente et où le hors-champ prend toute son importance. Questionnant les modalités de cohabitation des hommes avec les images, dans un souhait de « sacralisation du quotidien » hérité de Robert Bresson à qui il voue une grande admiration, il donne à voir des atmosphères étranges où règne une constante ambiguïté.

Thu van Tran, née en 1979 au Vietnam, cherche à traduire la complexité du monde au travers de récits souvent d’inspiration postcoloniale avec des gestes symboliques d’une grande poésie.  Afin de raconter l’histoire par le biais de micro-histoires, elle fait souvent appel à la littérature et inscrit ses recherches dans des références historiques, politiques et scientifiques qu’elle transpose dans des installations polymorphes. La force de ces œuvres réside souvent dans un équilibre entre une fascination liée à la séduction visuelle des pièces et un malaise provoqué par le sujet évoqué. 

Marie Voignier, née en 1974, propose une vision critique d’un état du monde et se situe à la lisière entre démarche documentaire et pratique artistique. Le travail de cette vidéaste commence souvent par une enquête, puis les pistes se brouillent et le spectateur oscille entre réalité et mythe, documentaire et fiction, imaginaire et rationalisme. Elle explore le hors-champ au travers de ses rencontres et utilise la vidéo comme moyen d’interrogation sur l’identité et le statut des images.

Une belle opportunité de découvrir ces artistes aux sensibilités différentes avant la nomination du lauréat !

L’ADIAF, créée et présidée par Gilles Fuchs depuis 1994, regroupe actuellement près de 400 collectionneurs d’art contemporain et a pour mission de contribuer au rayonnement international de la scène française en déployant ses activités autour de trois pôles : le Prix Marcel Duchamp, des expositions en France et à l’étranger autour des artistes du Prix mais aussi des œuvres des collectionneurs de l’association, et une plateforme d’échanges pour tous ses membres au travers de visites, rencontres et voyages afin de fédérer et inciter chacun à s’engager davantage.

 

Par Sylvie Fontaine


Infos :

Prix Marcel Duchamp 2018

Centre Pompidou/ Galerie 4, niveau 1

Place Georges Pompidou, Paris 4e

du 10 octobre au 31 décembre 2018