Inventaire au Frac Rouen

L’une des spécificités de ce FRAC est de montrer chaque année une rétrospective historique et chronologique de sa collection. Ainsi, cette année, il expose toutes les oeuvres acquises en 2003 et 2004. Elles sont présentées par ordre d’achat (correspondant aux numéros d’inventaire), dans une approche systématique.

Outre une mise en espace nouvelle qui confronte des oeuvres a priori sans lien entre elles – et qui en crée d’inédits -, cette façon de montrer les acquisitions de cette institution dévoile les évolutions dans les choix faits par les directeurs (et les équipes) qui se sont succédés. Par exemple, l’arrivée de Marc Donadieu dans les années 90 se caractérise par l’entrée de dessins, photos, de représentations de la figure humaine et de paysages, qui étaient absents auparavant. 

Les années 2003 et 2004 marquent un retour de la peinture (paysage abstrait de Marian Breedveld, mais aussi Août de Rodolphe Mabille, ou Sans titre de Florent Boiley, tous deux fraîchement sortis des Beaux-arts de Rouen avec des techniques très variées).

Les éditions et livres d’artistes sont nombreux (Cahier d’écolière d’Alice Anderson, parmi la vingtaine d’éditions acquise par le Frac cette année-là, mais aussi Jean-Marc Bustamante, Barthélémy Toguo…).

Les photographies montrent le territoire normand en noir et blanc, comme la série Seine Valley, de John Davies, fruit d’une commande du Frac et de la Mission Photo du Pôle Image (Centre Photographique Rouen Normandie). Citons encore la photographie picturale de Balthasar Burkhard, avec La vague, grand format en noir et blanc qui réussit à capter l’essence même de la vague : son mouvement. Un hommage à Courbet.

La photographie couleur n’est pas en reste, avec, par exemple, Elina Brotherus, qui apporte à ce medium une grande sensibilté dans la représentation des paysages, ou Patrick Faigenbaum, qui réussit, dans Place du marché à Noël, Brême, à rendre inquiétant un moment réputé festif.

Le dessin est présent avec onze artistes, la majorité étant des femmes, qui s’intéressent souvent à la représentation du corps : Maïke Freess, Annette Messager, Kiki Smith, ou Alice Anderson avec ses inquiétants Schrunk Drawings, ou Chloé Piene et ses dessins de la main gauche

7 vidéos sont acquises, dans lequelles la place du corps est majeure également, comme celle de Maïder Fortuné : Totem, dans laquelle le visage se décompose dans un mouvement de saut ralenti, ou celle de Bertran Berrenger, où le corps est réduit au rôle d’instrument.

Quelques installations, enfin, dont celle de Guy Lemonnier, Conservatoire nominal des arts et métiers, qui repoétise les matériaux dans une démarche tenant de l’alchimie.

Jusqu’en octobre, le Frac expose également dans 5 abbayes normandes (voir l’article de Gilles Kraemer dans notre revue n°22), et il prépare pour la rentrée, avec le musée des Beaux-arts, un projet important sur « art et cinéma », qui méritera à nouveau toute notre attention.

 

Par Dominique Chauchat


Infos :

3 place des Martyrs-de-la-Résistance,

Sotteville-lès-Rouen 76300