Arts numériques : Accidents, hasard ou sérendipité
« Le hasard, c’est le contraire de ce qu’on croit qu’est l’art numérique, dont on pense qu’il nous amène au contrôle de tout, à la perfection, mais peut-être que la plus grande perfection, c’est justement que les choses ne soient pas totalement parfaites ? » José-Manuel Gonçalvès
Comme tous les 2 ans, la biennale internationale des arts numériques d’Ile-de-France (qui a pris la suite du festival Nemo, créé par Arcadi – voir encadré), veut « rassembler les forces créatives des arts, des sciences et des technologies ». Elle nous fait découvrir pendant 6 mois les dernières recherches en arts numériques, à travers une cinquantaine de lieux de la région parisienne, et nous fait découvrir près de 200 artistes.
Elle constitue un exceptionnel espace de visibilité des meilleures productions internationales faisant intervenir les nouvelles technologies, sous forme d’installations, performances audiovisuelles, musiques exploratoires (électroniques, contemporaines, noise, improvisées…), spectacles vivants hybrides et ateliers.
En outre, les projets retenus bénéficient d’une commande ou d’un achat de cession.
Comme l’indiquent ses concepteurs, « cette édition est entièrement dédiée au décloisonnement artistique, à l’hybridation des disciplines, aux esthétiques et ingénieries émergentes, aux rapports entre arts et sciences et aux nouvelles questions sociétales. »
Curiosité, inattendu, indétermination, surprise, accidents : ce que Prune Noury nomme les « erreurs heureuses » sont le pivot de cette nouvelle édition de la biennale francilienne (jusqu’au 25 mars 2018).
Pour se souvenir que c’est l’homme qui commande la machine, et que le hasard et les imprévus interdisent tout contrôle intégral. Comme le dit le directeur de la biennale, Gilles Alvarez, « Avant, le hasard dans l’art, c’était l’erreur. Mais depuis Marcel Duchamp et la mécanique quantique, il existe un hasard intentionnel, un outil qui demande à être organisé par le geste artistique ».
sélection :
du 13 octobre au 10 décembre : Climat Général de Claire Malrieux au Collège des Bernardins (une oeuvre que l’on peut voir aussi à la biennale de Venise)
Oeuvre auto-générative qui nous plonge dans un espace dessiné composé des forces atmosphériques, telluriques et humaines, généré à partir des flux de données empruntés aux principaux modèles climatiques prédictifs.
20 rue de Poissy, Paris 5è
du 23 septembre au 23 décembre : au Cube, Acoustic Cameras, mêle des images en temps réel prises par des webcams. Parallèlement, des artistes sonores créent des pièces entrant en résonance avec ces images de paysages de divers lieux à travers le monde.
20 cours Saint-Vincent, Issy-les-Moulineaux
du 9 décembre au 4 mars 2018 : Les Faits du hasard, au CENTQUATRE, présente 30 grandes installations numériques. Nous irons tous voir, notamment, celle de Fabien Léaustic : Ruines, dans l’atelier 2, multiplication du Monolithe que l’on avait pu admirer au Palais de Tokyo.
5 rue Curial, Paris 19è
du 13 octobre au 25 novembre : Beyond the Lines confronte Manfred Mohr, pionnier de l’art numérique, à des pièces récentes d’Eric Vernhes. Pour tous ceux qui aiment chercher les textes cachés et décrypter les signes.
Galerie Charlot, rue Charlot, Paris 3è
du 16 novembre au 16 février 2018, c’est à Dynamo de Banlieues bleues qu’Antoine Schmitt propose La Chance, dispositif qui dessine des liens entre des visiteurs choisis aléatoirement… une occasion de se regarder, de se parler, peut-être… L’inverse des algoritmes qui prétendent connaître nos goûts et choisir à notre place.
« Cette installation s’inscrit dans le cadre du travail d’Antoine Schmitt sur le hasard et le libre arbitre, et leur ancrage dans le réel, qui renvoient in fine à la responsabilité de chacun face à son destin. »
9 rue Gabrielle Josserand, Pantin
du 6 au 20 janvier 2018, nous nous plongerons dans l’oeuvre immersive de Ryoichi Kurokawa, Unfold, » Où chacun retrouvera ses sortilèges, de 2001, l’Odyssée de l’espace à la saga interstellaire de la sonde spatiale Rosetta… » Un vrai voyage dans l’espace, dans la puissance de nos rêves, qui se poursuivra avec Objectif Lune, spectacles et installations, cinéma, rencontres et art contemporain, où nous pourrons même fouler le sol de Mars, équipés de lunettes 3D !
salle des fêtes, 4 rue des anciennes mairies, Nanterre
Arcadi Île-de-France est un établissement public de coopération culturelle pour les arts de la scène et de l’image en Île-de-France, créé par la Région Île-de-France et l’État (Drac Île-de-France). Il accompagne dans la durée les porteurs de projets dans les domaines des arts de la scène et des arts numériques, il encourage la recherche artistique, les démarches innovantes, la mutualisation, les évolutions et les nouvelles pratiques propres au secteur culturel et artistique. Il soutient des projets de sensibilisation, de médiation et d’actions artistiques et culturelles.
Par Dominique Chauchat
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