Take care
A travers le soin, c’est nombre de questions très actuelles que pose Take care : le genre, l’identité, l’immigration, la prison, la solidarité, la mondialisation, etc.
Initié au Canada, ce cycle d’expositions de la commissaire Christine Shaw, directrice d’une galerie et professeure à l’université de Toronto, explore les multiples dimensions du care comme prise en compte de la personne humaine dans tous les moments de sa vie, et comme force organisatrice de la société, réconciliant le collectif et l’individuel.
Six des neuf artistes sont canadiens, certains issus des populations autochtones, telle Laakkuluk Williamson Bathory qui présente une performance vidéo dans laquelle elle réalise une danse du masque groenlandaise, dans une pièce poétique d’une grande rigueur formelle. Nue sur une peau d’ours, perdue dans un paysage de glace, elle réactive son lien, à la fois à la tradition, le visage et un pied peints en noir, et à un environnement naturel avec lequel ses ancêtres ont su composer sans le détruire. Elle fait référence à un rite de fécondité tout en posant la question : comment se préparer au changement ?
Sheena Hoszko, pendant sa résidence à la Ferme du Buisson et à la Cité internationale des Arts, a développé son travail sur la prison, qu’elle met en liaison avec le colonialisme et l’esclavage. Elle a installé 797,35 mètres de clôture plastique de chantier (le périmètre de la prison de la Santé), orange, en contraste avec les uniformes bleus des gardiens, pour nous amèner à chercher des alternatives à la prison, en commençant par améliorer la prévention.
Citons enfin Steven Eastwood, cinéaste britannique qui travaille spécifiquement dans le domaine de la maladie, du handicap, du traumatisme. Son installation vidéo, filmée sur plus d’un an, nous rend témoins de la fin de vie de 3 personnes en soins palliatifs. Quoique adoucies par des scènes de la vie sur l’île où le film a été tourné, les images provoquent émotion et empathie.
Très ancrée sur le territoire canadien, l’exposition pose des questions globalisées. Elle nous propose de changer notre regard et d’inventer de nouvelles façons de prendre soin de tous les accidentés de la vie.
Par Dominique Chauchat
Infos :
Ferme du Buisson
allée de la Ferme, Noisiel
jusqu’au 21 juillet