6e édition de AKAA « ALSO KNOWN AS AFRICA »

Par Sylvie Fontaine11 novembre 2021In 2021, Revue #27, Articles

 

Depuis une dizaine d’années les artistes africains sont de plus en plus présents sur les foires, dans les galeries, dans les musées et institutions privées.  Après l’ouverture de la galerie 31 project rue de Seine en 2019 et de la galerie Afikaris début 2021 dans le Marais, deux nouvelles venues consacrées à cette scène, Marianne Ibrahim et Cécile Fakhoury, ouvrent cet automne dans le 8e arrondissement. Certains pays d’Afrique, locomotives dans l’art contemporain, tels le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Sénégal ou le Maroc commencent également à structurer un marché sur le continent même si ce dernier requiert encore la reconnaissance des pays occidentaux.

 

La jeune foire AKAA revient au Carreau du Temple pour sa 6e édition avec 34 galeries d’Europe, d’Afrique et des États-Unis et donne ainsi l’opportunité de découvrir à Paris des artistes talentueux pas encore ou peu présents dans les musées et institutions en France. Ils traitent de sujets emblématiques tels l’identité, les discriminations, l’environnement, les nouvelles technologies et bien sûr la pandémie avec un thème récurrent qui est celui du portrait.

Originaire de Kinshasa, Gosette Lubando, présentée par la galerie Angalia, explore le passé et des architectures tombées en désuétude où des silhouettes évanescentes hantent les lieux.

Souleymane Barry né au Burkina Faso, présenté par Anne de Villepoix, brosse des portraits de personnages seuls ou en groupes dans des univers où se mêlent souvenirs et scènes imaginaires inspirées de rituels traditionnels.

Jean David Nkot, né au Cameroun, présenté par la galerie Afikaris, interroge le rapport du corps à l’espace et au territoire comme en témoignent les cartes géographiques et les mots clefs émaillant ses œuvres.

Evans Tinashe Mutenga, originaire du Zimbabwe et présenté par la galerie 31 project, découpe ou déchire les portraits de camarades engagés dans des luttes passées, pour n’en laisser paraître que les fantômes persistant dans la mémoire collective.

À travers ses séries photographiques, l’artiste du Mozambique Mario Macilau présenté à la Perve Galeria scrute l’histoire récente de son pays, où les traces de la colonisation portugaise affectent encore la vie quotidienne.

Lunga Ntila, originaire d’Afrique du Sud et représentée par la galerie BKhz, aborde les thèmes d’identité et de spiritualité dans ses collages déstructurés en noir et blanc réalisés à partir d’autoportraits rehaussés de touches rouges.

Alida Rodrigues, née en Angola présente à la galerie « This is not a white cube » la série L’histoire secrète des plantes où elle superpose des illustrations de fleurs ou fruits à des visages du siècle dernier effaçant ainsi toute identité et posant la question de l’infime représentation de personnes noires dans les archives.

L’artiste de Kinshasa Aristote Mago a carte blanche pour montrer une œuvre dans l’espace des Rencontres. Sur des sacs ayant contenu des marchandises, symboles des échanges commerciaux, il dessine avec fils et lacets des corps dans des postures évocatrices de violences.

L’artiste sud-africain Morné Visagie est invité pour une installation monumentale au cœur de la foire. Marqué inconsciemment par son enfance sur Robben Island, il transfigure son vécu dans des œuvres aux couleurs chatoyantes, invitant à une réflexion sur la violence et la discrimination.

 

Inspirée par le livre A Rebrousse-Temps de Birago Diop, la directrice artistique du salon Armelle Dakouo propose une série de conférences au titre éponyme, afin d’analyser l’empreinte du passé dans la création d’aujourd’hui. Un retour aux sources est-il possible ou nécessaire après une pandémie telle que nous l’avons vécue ?

Enfin deux projets partenaires sont mis en place cette année, d’une part avec la maison de ventes Bonhams, nouvellement installée à Paris, qui organise une vente le 13 novembre, et, d’autre part avec la société française Ellipse Projects qui soutient la jeune scène africaine sur le continent et propose au Carreau du Temple une exposition de leur lauréat sénégalais Ibrahima Ndomi membre du collectif Ndokette.

Victoria Mann, la directrice de cette foire, souhaite ainsi redessiner la carte de l’art contemporain en y plaçant l’Afrique en son centre, afin de croiser les regards entre les continents.


 

AKAA, Art & Design Fair

du 12 au 14 novembre 2021

Vente du 1er livre d’art édité par la Foire AKAA « A Rebrousse-Temps », réunissant les portraits de 17 artistes.

Nombreuses Rencontres  programmées tous les jours.

 

Carreau du Temple

2 rue Perrée, Paris 3e