63e Salon de Montrouge
Le Salon de Montrouge est un incontournable de la jeune création contemporaine. Cette année, pour sa 63e édition, le Beffroi expose 52 artistes : l’occasion de découvrir la scène artistique de demain. Entretien avec Ami Barak et Marie Gautier, les directeurs artistiques du Salon depuis 2016.
Après trois ans de direction artistique du Salon de Montrouge, y a-t-il encore des surprises ?
MG : L’endroit reste le même, mais la sélection change chaque année. Chaque Salon est un évènement différent, nous sommes obligés de repartir à zéro. Mais nous tirons aussi des leçons des années précédentes.
Il y a de plus en plus de productions artistiques spécialement conçues pour le Salon. Est-ce un choix de la part des artistes ou orientez-vous la sélection dans ce sens-là ?
AB : La plupart des artistes n’ont pas vraiment les moyens d’entreposer leurs précédentes œuvres. En fait ils créent les œuvres, mais ne les gardent pas. D’ailleurs, la plupart des œuvres présentées dans les dossiers de candidature n’existent plus aujourd’hui. Donc naturellement, nous sommes amenés à les aider à produire de nouvelles pièces.
Vous les soutenez également financièrement ?
MG : Il y a un forfait de participation pour tous les artistes du Salon. On peut parler d’une rémunération, même si elle est symbolique. Les artistes peuvent aussi bénéficier de bourses d’aide à la production et au transport de la part de nos partenaires : l’ADAGP et l’Association Françoise. Et ce qui est bien c’est que plusieurs artistes vendent leurs œuvres à des collectionneurs pendant le Salon.
La vente aux enchères organisée à la fin du Salon va dans ce sens-là d’ailleurs.
MG : Oui, celle de cette année aura lieu au mois de novembre, menée par le commissaire-priseur Frédéric Chambre, qui est directeur de la maison de vente Piasa. L’idée est d’orienter les artistes sur deux types de propositions : une pièce importante et une plus petite pièce à un prix de départ de 100 euros.
AB : Il y a toutes sortes d’acheteurs : des collectionneurs comme des inconnus qui peuvent s’emballer. C’est un moment sympathique et assez drôle. Elle permet aussi aux artistes d’avoir une vision du marché de l’art : de voir que la demande existe, et la rémunération aussi.
Comment avez-vous élaboré le parcours de la 63e édition ?
AB : Chaque année, à partir des pièces sélectionnées, nous essayons de rassembler les œuvres convergentes, puis de créer des sortes d’ères au sein du Salon. Cette année, il y en a quatre : « Pop team Epic », issu du célèbre manga, reflétant cet engouement pour le néo pop, « Avec ou contre la nature », traitant de la relation au paysage et à la nature, « Le futur du passé » rassemblant des histoires plus personnelles, et « La boîte à outils » sur le renouvellement du vocabulaire.
Y a-t-il un médium favori, plus apte à toucher le jury ou les visiteurs ?
AB : De plus en plus, les artistes touchent à tout, leurs pratiques évoluent, ils sont protéiformes. Nous remarquons aussi un intérêt généralisé pour la dimension performative. D’ailleurs, un évènement collatéral dédié à la performance et organisé par Vittoria Matarrese prendra place le jeudi 17 mai.
Suivez-vous les carrières des candidats des années précédentes ?
AB : On les suit, ils nous tiennent informés. Le Salon de Montrouge est un tremplin et une opportunité de s’affirmer. Nous ne faisons pas de propagande mensongère, nous remplissons le cahier des charges chaque année : faire en sorte que le troisième étage de la fusée s’allume. Et effectivement une bonne partie des artistes est sollicitée, trouve des galeries ou rencontre des collectionneurs.
Par Alix Chambaud
Infos :
Le Beffroi
2 place Emile Cresp, Montrouge
jusqu’au 23 mai