100 % L’EXPO à la Grande Halle de la Villette
Au fil des éditions, 100 % L’Expo, le rendez-vous de l’émergence, a su trouver son public et aller vers toujours plus d’ouverture. Rencontre avec Inès Geoffroy, commissaire de cette 7ème édition qui réunit 40 artistes provenant de 6 écoles nationales d’art françaises.
Inès Geoffroy revient sur les thématiques qui traversent ce panorama (rapport au vivant, représentation des corps et des sexualités dissidentes, nostalgie, histoires fragmentées et invisibilisées…) et souligne des préoccupations collectives éloignées des logiques compétitives et opprimantes du marché.
Qu’est-ce-qui ressort de ce panorama ?
Parmi les thématiques récurrentes, la crise environnementale conduit à repenser nos rapports avec le vivant, les frontières entre l’humain et le non-humain dans une remise en question du positionnement de l’être humain à l’origine de ces catastrophes. L’idée n’est pas de dénoncer ou de trouver des solutions mais juste repenser notre manière d’être au monde à travers notamment des formes collectives de survie, soit dans une projection post apocalyptique, soit dans le présent. Il s’agit d’un véritable décentrage.
L’approche décoloniale est également une dominante…
Ce sont des sujets qui reviennent chaque année, portés par la jeune création et les nouvelles générations. Aujourd’hui, elle se joue de façon plus sous-jacente en quelque sorte, par le biais de récits de ce que l’on considère comme des voix minoritaires, notamment diasporiques souvent oblitérées ou invisibilisées. Beaucoup d’artistes cherchent à mettre en avant comment leurs histoires sont fragmentées, ont impacté la constitution même de leur personnalité à partir de récits de voyages, d’exils, de séparations. Cette dimension est plus importante que l’année dernière. Certains artistes comme Chada partent directement de ce sujet, pour d’autres c’est plus diffus.
Une certaine nostalgie se dégage également ?
Cette forme de nostalgique qui traverse de nombreuses installations reflète celle de la période de l’adolescence chez ces jeunes adultes qui repensent aussi l’enfance pour la déconstruire. Elle s’exprime également face à la situation politique et sociale que l’on traverse actuellement.
Assistons-nous à une forme de repli ?
Pas nécessairement. Ce n’est pas parce que l’on va parler davantage de l’intime que l’on ne reste pas connecté à l’extérieur. C’est un mot très connoté que l’on a beaucoup employé vis-à-vis de cette génération qui a vécu le Covid. Il y a bien une recherche autour d’un endroit protecteur mais il ne s’agit pas d’une fermeture.
Quel parti pris scénographique ?
Étant donné la configuration de la Grande Halle et son échelle à 17m de haut, le parti pris est de toujours privilégier des installations qui trouvent chacune leur place. Une déambulation libre est laissée au visiteur. Nous sommes engagés dans la récupération des cimaises qui sont réemployées chaque année.
Comment était constitué le jury ?
Le jury cette année était constitué, outre de moi-même, de Cédric Fauq, commissaire en chef du CAPC, Bordeaux, Flora Fettah, critique d’art et commissaire, et Shivay La Multiple, artiste ayant participé à l’édition 2023 de 100% L’Expo.
Un accent est mis cette année autour de la performance…
Oui et d’autant que l’on remarque que la jeune création s’ouvre davantage au spectacle vivant avec de nombreux artistes de l’exposition qui font de la performance en parallèle, ce que l’on cherche à mettre en valeur chaque année. Nous avons voulu proposer un vrai focus le temps d’un week-end les 19 et 20 avril avec un enchaînement de différentes performances, sous des formes variées, que ce soit des activations d’œuvres, des lectures, des formes proches de la danse ou du théâtre.
En termes de soutien financier, qu’est ce qui est proposé aux artistes ?
Les artistes sont rémunérés 500 euros, notamment avec le soutien de l’Adagp, ainsi que pour leur participation aux rencontres professionnelles. Nous prenons en charge bien entendu tous les frais logistiques, transport et autres. Je précise que nous partons sur des œuvres déjà produites car étant donné le volume ici il n’est pas possible d’engager de nouvelles productions, même si un accompagnement ponctuel est possible si nécessaire.
C’est en effet la première fois que l’Adagp rejoint 100 % à travers d’une part une subvention qui est distribuée à tous les artistes et d’autre part la « Révélation Arts plastiques », dotée de 5000 euros à pour un.e artiste lauréat.e.
Liste des artistes
MATIAS AGAFONOVAS • MORGANE BAFFIER • MAYMOUNA BARADJI • THOMAS BESSET • YANNIS BRIKI • ROSE-MAHÉ CABEL • MELISSA CASCADE • CORENTIN DARRÉ • IX DARTAYRE • ROMÉO DINI • LÉO DUPRÉ • NINON ENEA • VALENTINE GARDIENNET • CLAIRE GITTON • CHARLES-DAVID GNANGORAN (CHADA) • LUDOVIC HADJERAS • EMIKA LANNELONGUE • ZOÉ LADOUCE • NICOLAS LEBEAU • LOU LE FORBAN • GUILLAUME MENGUY • MAÏLYS MOANDA • NAFISEH MOSHASHAEH • PHUONG THAO NGUYEN • TALITA OTOVIĆ • DUO ROBER / EMMA BERGER-PIERRE & SARA ROTTENWÖHRER • VALENTIN RANGER • ROMAIN RAVERA • SOFIA ROCHA MONDRAGON • CARLOTA SANDOVAL-LIZARRALDE • ANNA SOUGY & LÉA TISSOT-LAURA• GIO VENTURA • MAXIME VIGNAUD • ALEXANDRE YANG • MURPHY YUM
Infos pratiques :
100% L’EXPO
En collaboration avec : l’École des Beaux-Arts de Marseille, les Beaux-Arts de Paris, l’École des Arts Décoratifs – PSL, l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, la Haute école des arts du Rhin, la Villa Arson, Nice, la Fondation Culture & Diversité et Manifesto XXI.
Grande Halle de La Villette
Jusqu’au 11 mai – Entrée libre
Programmation dédiée : 100% Performances les 19 et 20 avril